Centre de télécommunication par satellite de Pleumeur-Bodou (Côtes d’Armor).

Le centre de télécommunication par satellite de Pleumeur-Bodou (CTS), situé dans les Côtes-d’Armor, est le téléport à l’origine de la première transmission télévisée en mondovision via le satellite « Telstar » en 1962.

À la suite du lancement par les Soviétiques du premier satellite artificiel de l’histoire, Spoutnik, les Américains veulent une revanche et décident de lancer les programmes ‘Telstar’ (téléphone des étoiles) et ‘RELAY’, destinés à relier les deux continents (Europe-États-Unis). Le programme Telstar sera développé conjointement par AT&T et par Bell Labs. ; ils concevront dans la foulée la station terrienne permettant de faire les essais à Andover dans le Maine.

Il est nécessaire de disposer de deux sites de part et d’autre de l’océan Atlantique pour que la liaison soit opérationnelle. Il faudra donc mettre en place de chaque côté de l’Atlantique des stations relais (Earth Stations). Un accord sera signé en ce sens, en avril 1961, entre la NASA, BPO et le CNET. Très tôt la France s’intéressera au projet car elle entrevoit déjà la possibilité de capter du trafic téléphonique et TV mondial et donc un certain bénéfice commercial. Le Président français de l’époque (Charles de Gaulle), ayant donc décidé de s’investir dans le projet, donne son feu vert pour la création d’une station relais. La course est lancée.

Pleumeur-Bodou, carte maximum, Lannion, 29/09/1962.

La Grande-Bretagne, par l’intermédiaire du BPO (British Post-Office), se joint au mouvement en construisant à son tour sur son territoire une station relais à Goonhilly Downs, en Cornouaille.

Sous l’impulsion de Pierre Marzin, breton d’origine et directeur du CNET à l’époque, il est décidé fin août 1961 de construire le radôme (contraction du mot : « radar » et de « dôme »). Le temps étant compté pour lancer les expérimentations, il est décidé d’acheter et d’utiliser la technologie américaine pour construire la station relais française ; les États-Unis fourniront la technologie, la France construira le site et les infrastructures. Après des recherches pour trouver un site qui conviendrait à l’implantation de la future station, la commune de Pleumeur-Bodou en Bretagne est choisie car ayant un sol particulier (roche granitique), une localisation particulière (absence de perturbations électromagnétiques), un horizon très dégagé et une proximité des laboratoires du CNET de Lannion, font que ce site sera choisi.

Après un chantier de neuf mois conduit par la CGE (Compagnie Générale d’Électricité), un temps record pour construire l’antenne et l’enveloppe en Dacron du radôme, le site est enfin prêt. 8 000 m3 de terrassement dont 3 000 m3 de rocher, 4 000 m3 de béton et 276 tonnes d’acier seront nécessaires pour construire la première station. Malgré les difficultés techniques de dernière minute et un temps exécrable pendant la construction les techniciens de la CGE réussissent leur pari et livrent le site à la date prévue. On peut dire que le CTS a vu le jour à cette époque.

Telstar, essais de couleurs, feuille complète, datée du 4/10/1962.

Un pylône de collimation de 200 mètres de haut sera même érigé sur l’île Losquet, une île proche de l’Île-Grande, afin de tester les équipements électroniques de télécommunication, les radars, le système de poursuite de la nouvelle antenne cornet ; un « répondeur » étant fixé au sommet et destiné à « simuler » le passage du satellite Telstar. Le 7 juillet 1962, l’antenne cornet est enfin prête à fonctionner soit trois jours avant le lancement de Telstar.

Le 11 juillet 1962, à 0 h 47, la station capte les premières images de télévision transmises en direct par satellite entre Andover (États-Unis) et Pleumeur-Bodou. 190 techniciens auront la primeur, cette nuit-là, de voir la première transmission « mondiovisée » au monde.

Le général de Gaulle viendra inaugurer ce nouvel outil de télécommunication le 19 octobre 1962 sur invitation de Pierre Marzin; un menhir gravé dressé devant le bâtiment central de commande sera inauguré également, le même jour, afin de commémorer cet événement.

L’antenne du radôme restera en service jusqu’en 1985 puis deviendra en 1991 l’attraction de la Cité des télécoms. Le radôme est classé monument historique depuis le 29 septembre 2000. Il faut également savoir que cette antenne est la dernière existante au monde, puisque le second radôme construit à l’identique aux États-Unis dans l’État du Maine.

Le CTS poursuivra son expansion au fil du temps ; à la suite de la formation de divers consortiums internationaux destinés à favoriser le développement des liaisons satellitaires entre les nations (Intelsat au niveau mondial et Eutelsat au niveau européen), les années suivantes verront la création de plusieurs antennes paraboliques permettant de tisser un réseau de télécommunication satellitaire mondial.

Pendant longtemps, le CTS restera le principal centre de télécommunication pour les liaisons vers l’étranger. en 1978, il sera secondé, en France, par un autre site toujours en activité : Bercenay-en-Othe, dans l’Aube. Grâce au savoir-faire en matière de télécommunications spatiale, la France installera plusieurs stations terriennes, à l’image de Pleumeur-Bodou, dans les départements d’Outre-Mer et dans plusieurs pays d’Afrique francophone, en France à Rambouillet (situé en grande partie sur le territoire de la commune de Saint-Symphorien-le-Château en Eure-et-Loir, vendu par France Télécom à Eutelsat en 2004) et Issus Aussaguel (Haute-Garonne).

L’annonce brutale de la fermeture du CTS et de l’IRET SNE(Formation), en janvier 1999 par France Télécom, engendrera de forts mouvements sociaux à Lannion et sa région.

Le CTS n’étant plus compétitif dans le domaine des transmissions de données, concurrencé par l’essor des fibres optiques déployées par des câbles transatlantiques, conduira à la fermeture progressive à partir de 1999 et ce, jusqu’en mai 2003.

Les dernières activités restantes en 1999 ont été transférées sur l’autre site “téléport”, encore opérationnel en France, situé à Bercenay-en-Othe, dans le département de l’Aube. Le matériel non démantelé a été transféré sur Bercenay en tant que lot d’appoint, pour les antennes de cet autre téléport.

Voir aussi de cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.