Cathédrale Saint-Front, Périgueux

La cathédrale Saint-Front est une cathédrale catholique romaine, siège du diocèse de Périgueux et Sarlat. Située dans le centre-ville de Périgueux, elle est classée monument historique depuis 1840 et au Patrimoine mondial en 1998, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France.

Remontant dans ses premiers jours aux IVe et Ve siècles, l’édifice fut d’abord une église, puis une abbaye avant de prendre le titre de cathédrale au XVIe siècle, à la suite du sac par les Huguenots de l’ancien siège épiscopal, l’église Saint-Étienne-de-la-Cité. Restaurée par Paul Abadie durant la seconde moitié du XIXe siècle, la cathédrale Saint-Front a, comme la basilique Saint-Marc de Venise, son plan en forme de croix grecque et ses cinq coupoles sur pendentifs qui rappellent la structure de l’église des Saints-Apôtres de Constantinople. L’édifice, d’abord église abbatiale, a pris le nom de celui qui fut, selon la légende, le premier évêque de Périgueux : Saint Front.

En 976, l’évêque Frotaire fit construire l’abbaye de Saint-Front, peut-être fédérée par l’ordre des Bénédictins, sur l’emplacement de l’ancienne église. Elle fut consacrée en 1047. Le chœur était voûté et abritait le tombeau de Saint Front sculpté en 1077 par Guinanond, moine de l’abbaye de la Chaise-Dieu. Ce tombeau était décoré de nombreuses pierres précieuses et de sculptures, notamment d’un ange peint avec un nimbe réalisé dans des éléments de verre, maintenant conservé au musée du Périgord.

Au XIe siècle, l’église abbatiale fut agrandie par l’apparition d’une église à coupoles, afin d’accueillir plus de pèlerins, notamment ceux se dirigeant vers Compostelle. Ces deux édifices attachés partageaient seulement l’autel. En effet, l’ancienne église avait son chœur à l’est et la nouvelle à l’ouest. L’église à coupoles avait à l’est un escalier qui permettait d’accéder à la plus vieille depuis les berges de l’Isle.

Un incendie se produisit en 1120, au temps de l’évêque Guillaume d’Auberoche, ravageant le bourg et l’abbatiale. La construction de l’église à coupoles fut terminée entre 1160 et 1170. L’église à coupoles fut prolongée à l’est, en 1337, par une chapelle dédiée à saint Antoine et non par une abside de style gothique comme cela était initialement prévu. Cette chapelle fut dotée par le cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord et desservie par des chapelains autonomes.

«  Il y avait dans ladite église plusieurs sépulcres de chevaliers, cardinaux et évêques, élevés en pierre, et de très excellents ouvrages qui furent rompus, de sorte que l’on n’y en voit aucune marque ni apparence […] ; les tapisseries, fort riches et d’antiquité mémorable, furent volées, ainsi que les vaisseaux sacrés […]. »

« Livre rouge » des archives municipales, vers 1583.

En 1525, elle fut de nouveau agrandie par la construction d’une église paroissiale nommée Saint-Jean-Baptiste puis Sainte-Anne au nord-est, emplacement actuel de la chapelle de la Vierge.

En 1575, les huguenots pillèrent la future cathédrale en détruisant une grande partie du mobilier et en volant les reliques de saint Front13, qui furent emportées et jetées dans la Dordogne.

Un premier projet de restauration de la cathédrale a été dressé par Alexis-Honoré Roché (1757-1828). Le 3 octobre 1826, le préfet Huchet de Cintré demande à Louis Catoire de poursuivre les travaux entrepris par Roché. Le chantier commence sous ses ordres dans la travée sud avec la reprise en sous-œuvre de la coupole et de l’absidiole Sud. Son projet est ajourné en 1840 mais il continue les travaux en 1841. Il abat la tribune sud construite en 1722 dans le mauvais goût de l’époque Louis XV et badigeonne en blanc les piliers. Adolphe Napoléon Didron déclare : « Il faut arrêter le massacre qui se commet dans cette cathédrale ». L’évêque Mgr de Lostanges meurt en 1835. Il est remplacé par Thomas-Marie-Joseph Gousset jusqu’en 1840, puis par Jean-Baptiste-Amédée George de La Massonnais. Louis Catoire est en disgrâce avec ce nouvel évêque. L’évêque écrit qu’il « a massacré l’absidiole Sud », et « fait des difficultés au facteur d’orgues Girard pour le grand orgue de la cathédrale ». Le 10 novembre 1841, l’évêque reçoit une lettre du garde des sceaux, ministre des Cultes, qui écrit : « Je m’insurge contre le vandalisme déplorable qui est commis dans la cathédrale de Périgueux, où la partie ornementale de l’édifice restant incomplète, l’architecte croit devoir, après huit siècles, en achever la décoration. Pourquoi avoir substitué des piliers gothiques à des chapiteaux corinthiens, mutilé l’absidiole Sud en la badigeonnant au lait de chaux ? Il paraîtrait, entre autres choses, que l’on étoupe les fenêtres des combles en remplissant les vides au moyen d’une maçonnerie de moellons… J’exprime à M. le Préfet mon vif étonnement. Je vois des travaux de ce genre entrepris par un architecte du gouvernement, et tolérés par ce fonctionnaire, sans autorisation, dans un édifice appartenant à l’État ». Louis Catoire arrête alors les travaux. Maximilien Lion est envoyé en 1841 pour inspecter les travaux de Catoire. Il propose la suppression des toitures qui recouvrent les coupoles. Eugène Viollet-le-Duc est à Périgueux du 5 au 7 septembre 1842, mais il ne dit rien sur la cathédrale. Catoire perd son poste le 30 octobre 1849. En 1851, il est remplacé par Paul Abadie.

De 1852 à 1895 eu lieu la restauration de l’église Saint-Front, réalisée par Paul Abadie19, futur architecte de la basilique du Sacré-Cœur à Paris, qui n’est pas sans ressemblance avec la cathédrale Saint-Front. Lui et d’autres architectes firent ajouter les clochetons qu’on peut observer aujourd’hui. La cathédrale ne conserva que son clocher du XIIe siècle, mais son aspect original avec ses coupoles est rétabli quand Paul Abadie redessina l’ensemble de l’architecture en respectant tout de même le plan et les volumes de l’édifice.

Entre 1855 et 1858, les coupoles sud et nord étaient dangereuses à cause de leur âge, surtout cette dernière qui fut finalement démolie sous ordre du Comité des inspecteurs généraux des Édifices diocésains, après une demande de M. Léonce. Cet évènement provoqua une réaction en chaîne, dont la destruction en 1864 de la coupole sud et celle à l’est entre 1867 et 1871. En 1877, cette conception de la restauration par Paul Abbadie a été critiquée. Les chapelles Sainte-Anne et Saint-Antoine furent détruites mais les cryptes du XIIe siècle ne furent pas modifiées.

En 1889, la façade de l’église latine et le cloître sont à nouveau classés au titre des monuments historiques.

Source : Wikipédia