Cary Grant, acteur.

Archibald Alexander Leach, dit Cary Grant, est un acteur anglo-américain né le 18 janvier 1904 à Bristol (Angleterre) et mort le 29 novembre 1986 à Davenport (Iowa). Il a été naturalisé citoyen des États-Unis le 26 juin 1942.

Après une adolescence troublée, ce bricoleur habile, de grande taille et qui avait la particularité d’avoir un menton dit « en fesses d’ange », devient chanteur dans les comédies musicales de Broadway à New York. Son accent britannique mi-aristocratique mi-ouvrier de représentant de commerce fit de lui un spécialiste du genre dit « loufoque » (screwball comedy). Charmant mais peu stable, il a été marié cinq fois. Il tourna dans plusieurs films d’Alfred Hitchcock qui, bien connu pour ne pas aimer les acteurs, dit de lui « qu’il était le seul acteur qu’il ait jamais aimé de toute sa vie ».

Ian Fleming se serait inspiré de sa séduction et de son apparence soignée pour créer le personnage de James Bond. Il reçoit cinq nominations pour le Golden Globe du meilleur acteur et un Oscar d’honneur à la 42e cérémonie des Oscars, en 1970. L’American Film Institute l’a classé deuxième acteur de légende du cinéma américain.


Archibald Alexander Leach naît le 18 janvier 1904 au 15 de la rue Hughenden à Horfield, faubourg du nord de Bristol, en Angleterre. Il est le second fils d’un couple d’anglicans, Elias James Leach (1873–1935), travaillant comme préposé au repassage dans une usine de confection, et Elsie Maria Leach (née Kingdon, 1877–1973), couturière. Des biographes soutiennent qu’il s’est probablement considéré comme d’ascendance juive ; il fera plus tard des dons à la création de l’État d’Israël « au nom de sa mère juive » ou à des oeuvres juives.

Le couple a un premier enfant, John William Elias Leach (9 février 1899 – 7 février 1900) qui souffre d’une méningite tuberculeuse. Elsie le veille régulièrement mais en janvier 1900, une porte se referme sur l’ongle de son fils alors qu’elle le tient dans ses bras, et au bout d’une semaine  une gangrène se développe. Le soignant jour et nuit, elle cède au médecin qui lui conseille d’aller se reposer un peu mais le nourrisson meurt cette nuit-là. Convaincue d’être responsable de la mort de son fils, elle ne s’en remettra jamais et reportera toute son attention sur Archibald, né après la mort de son aîné. Rêvant pour lui d’un grand destin et d’en faire un gentleman, elle lui apprend le chant et la danse dès l’âge de quatre ans et tient à ce qu’il prenne également des cours de piano. Elle l’emmène occasionnellement au cinéma où il peut apprécier très jeune les performances des vedettes de l’époque comme Charlie Chaplin, Chester Conklin, Fatty Arbuckle, Ford Sterling, Mack Swain ou Broncho Billy Anderson. Mère surprotectrice, craignant constamment de le perdre comme le premier, elle lui donne une éducation sévère et sans affection, le battant lorsqu’il se tient mal à table.

À quatre ans et demi, il est élève à l’école primaire de Bishop Road puis à la Fairfield Grammar School. Il vit une enfance traumatisante, malheureuse et agitée, avec un père alcoolique et une mère souffrant de dépression chronique depuis la mort de John, un couple qui ne s’entend pas et manque d’argent. Elias fait placer son épouse dans un hôpital psychiatrique lorsqu’Archie a neuf ans, mais il raconte à son fils qu’elle est partie pour de longues vacances. L’enfant croit alors que sa mère a quitté la famille et l’a abandonné, et en garde une grande méfiance envers les femmes. Plus tard, son père lui annonce qu’elle est morte. En 1915, celui-ci, qui a trouvé un meilleur travail à Southampton, part y fonder une nouvelle famille avec sa seconde épouse et abandonne Archibald à sa grand-mère paternelle chez laquelle père et fils s’étaient installés à Bristol après le « départ » d’Elsie. Souvent livré à lui-même dans une maison glaciale, Archie doit se débrouiller tout seul.

Auparavant, son père l’emmenait aux spectacles de pantomime à Noël, qu’il appréciait. Partant, il se lie d’amitié avec une troupe de danseurs acrobates connue sous le nom de The Penders ou de Bob Pender Stage Troupe. Il se forme par la suite à marcher sur les mains ou des échasses et commence à tourner avec eux. Son père va le rechercher à Norwich où il devait se produire, pour mettre fin à sa fugue et le ramener à Bristol. L’un des pionniers d’Hollywood, Jesse Lasky, est un producteur de Broadway à l’époque et voit le futur Grant jouer au théâtre Wintergarten à Berlin vers 1914, alors qu’il est âgé de 10 ou 11 ans.

En 1915, Archibald Leach obtient une bourse pour fréquenter la Fairfield Grammar School de Bristol, bien que son père ait à peine les moyens de payer l’uniforme. L’adolescent y excelle dans les sports et ses diverses qualités le rendent populaire parmi ses camarades. Toutefois, il a la réputation d’être dissipé et de ne pas faire ses devoirs. Il passe en effet ses soirées à traîner ou travailler dans les coulisses des théâtres de Bristol et à 13 ans, est responsable de l’éclairage du magicien David Devant à l’Empire de Bristol en 1917, après qu’un électricien, enseignant à temps partiel de son école, l’a invité à visiter les coulisses du théâtre Hippodrome de Bristol où il devait installer un tableau de distribution d’éclairage. L’été, Archibald se porte volontaire pour travailler en tant que messager et guide aux quais militaires de Southampton pour échapper au malheur de sa vie à la maison. Il tente même de s’engager comme garçon de cabine sur un bateau en partance mais est refusé à cause de son jeune âge. Il se fait probablement renvoyer pour « inattention, irresponsabilité et incorrigibilité » de la Fairfield Grammar School de Bristol en 1918 pour rejoindre la troupe d’acrobates de Bob Pender. D’autres raisons sont évoquées comme avoir été découvert dans les toilettes des filles ou avoir aidé deux camarades de classe à commettre un vol dans la ville voisine d’Almondsbury.

Son père cosigne un contrat de trois ans entre son fils et Pender, stipulant les conditions de son salaire hebdomadaire à hauteur de 10 shillings et ses augmentations, ainsi que le logement, la pension, des cours de danse et d’autres formations pour sa profession jusqu’à l’âge de 18 ans. Le jeune homme voyage avec le groupe dans le pays puis embarque sur le RMS Olympic, vers les États-Unis en 1920, pour une tournée de deux ans. Sur le paquebot, il fait la connaissance de Douglas Fairbanks et Mary Pickford, alors de retour de leur lune de miel.

À son arrivée, la troupe Pender joue pendant neuf mois dans l’immense salle de théâtre de l’hippodrome de New York puis se produit notamment à Saint-Louis dans le Missouri, également à Cleveland et Milwaukee. À la fin de la tournée, Archibald a 16 ans et décide de rester sur place pour poursuivre sa carrière théâtrale. À New York, il habite brièvement un hôtel puis partage en 1921 à Greenwich Village à Manhattan, le logement de Orry-Kelly, le futur costumier prolifique de Hollywood, et y demeurera cinq années durant, au début vendant dans la rue des cravates peintes par Orry-Kelly ou faisant office d’escort boy pour dames. À ses obsèques à Hollywood Hills, des décennies plus tard, Grant sera l’un des porteurs du cercueil de Orry-Kelly. À son installation chez le costumier, il fréquente de suite le National Vaudeville Artists (NVA) et court les castings de Broadway.

En juillet 1922, il joue dans un groupe appelé les « Knockabout Comedians » au Palace Theatre sur Broadway. Il forme un autre groupe le même été, appelé « The Walking Stanleys », avec plusieurs anciens membres de la troupe Pender, et participe à une émission de variétés intitulée « Better Times » à l’Hippodrome vers la fin de l’année. Il rencontre George C. Tilyou lors d’une fête, propriétaire du parc d’attraction de Steeplechase Park sur Coney Island, qui l’embauche pour y apparaître sur des échasses, vêtu d’un manteau brillant et d’un panneau sandwich d’annonce sur les activités du lieu.

Grand (1,87 m)42, beau et athlétique, Archie trouve rapidement du travail dans des comédies musicales de Broadway, malgré un léger accent anglais de la classe moyenne qui perdure ; encore sous son nom de naissance, il joue sur la scène de The Muny à St. Louis (Missouri), dans les spectacles suivants : Irene (1931) ; Music in May (1931) ; Nina Rosa (1931) ; Rio Rita (1931) ; Street Singer (1931) ; The Three Musketeers (1931) et Wonderful Night (1931).

Ayant connu le succès dans des comédies légères de Broadway, il part pour Hollywood en 1931, où il prend le nom de Cary Lockwood. Il choisit ce nom d’après son personnage dans la pièce Nikki. Il signe avec Paramount Pictures à raison de 350 $ par semaine mais les patrons du studio étaient plus impressionnés par l’acteur que par son pseudonyme. Le prénom convenait mais le nom de Lockwood prêtait à confusion avec un autre acteur. C’est en parcourant une liste de noms d’emprunt que naquit Cary Grant, choisi pour ses initiales C et G qui avaient déjà porté chance à Clark Gable et Gary Cooper, deux des plus grandes stars de l’époque.

Après des participations et un premier rôle face à Marlene Dietrich dans Blonde Vénus, sa célébrité survient grâce à Mae West qui le choisit pour lui donner la réplique dans deux films à grand succès Lady Lou et Je ne suis pas un ange (tous les deux de 1933). Je ne suis pas un ange s’avère un succès très rentable, tout comme Lady Lou, nommé pour l’Oscar du meilleur film, qui sauve Paramount de la banqueroute.

Peu de temps avant de mourir, en 1935, son père lui révèle son mensonge au sujet de sa mère toujours vivante. Cary Grant qui a alors 31 ans, la fait sortir de l’asile et l’installe à Bristol où il lui rend régulièrement visite jusqu’à la fin de ses jours.

En 1936, l’acteur commence à se montrer très exigeant, il ne supporte plus que la Paramount ne voie en lui qu’un sosie de Gary Cooper, aussi décide-t-il à la fin de son contrat de devenir indépendant. Il signe deux contrats notamment avec la RKO et la Columbia Pictures qui lui permettent de devenir un acteur indépendant, et c’est à ce titre qu’il devient l’égal de Gary Cooper et l’acteur de légende qu’on connaît. Son rôle dans Cette sacrée vérité avec Irene Dunne en 1937 représente l’incarnation type du personnage de Grant à l’écran. Durant les trente années qui suivent, le Britannique Grant figurera l’image romantique d’une sorte d’Américain idéal : le « Time Magazine » le décrira d’ailleurs comme « the world’s most perfect male animal ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participe en 1942 avec d’autres stars du cinéma à la Hollywood Victory Caravan, une tournée en train de deux semaines à travers les États-Unis destinée à récolter des fonds pour le soutien à l’effort de guerre.

Il devient citoyen américain le 26 juin 1942 et change légalement son nom en « Cary Grant ». Au moment de sa naturalisation, l’acteur Randolph Scott qui vit à la même adresse que lui est son témoin ; il donne son deuxième prénom comme étant « Alexander » plutôt que « Alec ». Il désamorce ainsi le scandale résultant de sa non-incorporation à l’armée britannique. Il a pourtant servi comme volontaire dans la Royal Navy dès 1940 mais à 36 ans, il a atteint la limite d’âge d’incorporation. Cela lui fait déclarer qu’il veut participer activement, même pour un poste de pompier. Mais une partie du gouvernement britannique pense qu’il serait d’une plus grande utilité en restant à Hollywood. Durant les années de guerre, il reverse l’intégralité de ses cachets aux œuvres de charité anglaises et le bruit court même qu’il travaille pour les services de renseignement de son pays, transmettant les suspicions de sympathie nazie parmi l’élite d’Hollywood. Mais ceci n’a jamais pu être prouvé, tant que les archives sur ce sujet restent classées à ce jour. En 1946, George VI l’honore de la médaille du Roi pour services rendus à la Grande-Bretagne durant les hostilités.

Cette même année, Grant aborde un rôle sentimentalo-dramatique auprès d’Ingrid Bergman dans le thriller à grand succès, Les Enchaînés, réalisé par son compatriote Hitchcock.

Il joue précédemment dans les plus célèbres screwball comédies, dont L’Impossible Monsieur Bébé avec Katharine Hepburn, La Dame du vendredi avec Rosalind Russell, Arsenic et vieilles dentelles avec Priscilla Lane, et plus tard Chérie, je me sens rajeunir avec Ginger Rogers et Marilyn Monroe.

Ces rôles solidifient sa force d’attraction, et Indiscrétions en 1940, avec Katharine Hepburn et James Stewart, démontre son stéréotype à l’écran : l’homme charmeur mais peu fiable, précédemment marié à une femme intelligente et de caractère qui, après avoir divorcé de lui, réalise que – malgré ses défauts – il est irrésistible.

À la fin des années 1950, son enfance douloureuse et les échecs de ses relations amoureuses le mènent à une crise existentielle. Sa femme, Betsy Drake, lui fait découvrir la psychanalyse et la thérapie en vogue à Hollywood, à base de LSD. Il raconta comment un traitement à base de cette drogue hallucinogène – légale à l’époque – dans la prestigieuse clinique californienne du docteur Mortimer Hartman lui apporta la paix intérieure que le yoga, l’hypnose et le mysticisme n’avaient pu lui procurer. Il reviendra et regrettera plus tard ces propos laudatifs.

L’acteur s’affirme comme une valeur sûre du box-office pendant plusieurs décennies. Polyvalent, il peut jouer des rôles physiques comme dans Gunga Din avec le savoir-faire acquis sur la scène. Howard Hawks dit de lui qu’il était « de si loin le meilleur qu’aucun ne pouvait se comparer à lui. ». L’auteur britannique Ian Fleming s’inspire de lui pour créer son personnage de James Bond, rôle qu’on lui propose en 1961 mais qu’il refuse parce qu’à 57 ans, il se sent trop vieux pour incarner le célèbre agent secret.

Il tourne dans plusieurs films d’Alfred Hitchcock qui, bien connu pour ne pas aimer les acteurs, dit de lui « qu’il était le seul acteur qu’il ait jamais aimé de toute sa vie ». Grant apparaît ainsi dans de grands classiques du maître du suspense : Soupçons, Les Enchaînés, La Main au collet et La Mort aux trousses. Hitchcock réussit à sortir Cary Grant de la comédie pour le tirer vers des rôles plus noirs et ambigus, montrant ainsi une palette plus étendue de son talent. Le biographe Patrick McGilligan a écrit qu’en 1965, Hitchcock proposa à Grant de jouer dans Le Rideau déchiré mais celui-ci avait décidé de se retirer après son dernier film, Rien ne sert de courir (1966) ; Paul Newman prit son rôle face à Julie Andrews.

Au milieu des années 1950, il crée sa propre maison de production, Grantley Productions, et produit plusieurs films distribués par Universal, tels Opération jupons, Indiscret, Un soupçon de vison (avec Doris Day), et Grand méchant loup appelle. En 1963, il joue aux côtés d’Audrey Hepburn dans Charade.

Grant est perçu comme un électron libre du fait qu’il s’avère être le premier acteur « indépendant », à contre-courant de l’ancien système des studios, qui décidaient des évolutions de leurs acteurs. Il peut ainsi avoir le contrôle de chaque aspect de sa carrière. Il décide quels films tourner et s’implique dans le choix du réalisateur et de ses partenaires et négocie même parfois un pourcentage sur les bénéfices, un privilège rare à l’époque mais désormais courant parmi les grandes stars.

Il est nommé deux fois aux Oscars dans les années 1940 mais, étant l’un des premiers acteurs indépendants des grands studios, il ne l’obtient pas durant ses années d’activité. Ce n’est qu’en 1970 que l’Académie lui remet un Oscar d’honneur pour sa carrière. En 1981, il reçoit les honneurs du Kennedy Center.

Éloigné des écrans, l’acteur reste néanmoins actif. À la fin des années 1960, Cary Grant accepte un poste au comité de direction de Fabergé. Une fonction qu’il assume pleinement en assistant aux assemblées et faisant de la promotion, conscient que sa présence lors du lancement d’un nouveau produit peut lui garantir le succès.

À la fin de sa vie, il fait des tournées aux États-Unis appelées « A Conversation with Cary Grant » au cours desquelles sont projetés des extraits de ses films suivis de débats.

Dans l’après-midi du 29 novembre 1986, alors que l’acteur fait une répétition pour une représentation à l’Adler Theater à Davenport dans l’Iowa, il est victime d’un accident vasculaire cérébral mais conduit à son hôtel et encore conscient, il refuse sur le moment d’être transporté à l’hôpital. Il meurt dans la nuit au St. Luke’s Hospital à l’âge de 82 ans. Son corps est ramené en Californie où il est incinéré et ses cendres dispersées dans l’Océan Pacifique.

Dans sa ville natale de Bristol, une statue en bronze grandeur nature à son effigie est dévoilée par sa veuve Barbara Jaynes en 2001, en souvenir de l’artiste de vaudeville devenu l’une des idoles les plus appréciées de Hollywood et qui figure régulièrement dans le top cinq des « stars de cinéma préférées de tous les temps » par l’American Film Institute.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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