Carl Gustaf Emil Mannerheim, maréchal et homme d’état.

Le baron Carl Gustaf Emil Mannerheim est un maréchal de Finlande et homme d’État, né le 4 juin 1867 à Askainen et mort le 27 janvier 1951 à Lausanne.

Régent en 1918, il était le commandant en chef des forces finlandaises à la fin du premier conflit mondial, poste qu’il occupe à nouveau durant la Seconde Guerre mondiale. Enfin, il fut président de la Finlande entre 1944 et 1946.


Mannerheim est né au manoir de Louhisaari, dans la commune d’Askainen du grand-duché de Finlande. Il est issu d’une famille finno-suédoise d’ascendance hollandaise anoblie en 1768. Troisième enfant d’une famille aristocratique traditionnelle dans laquelle le fils aîné hérite du titre de comte et les fils plus jeunes du titre de baron (Vapaaherra en finnois et Friherre suédois), il est baptisé Carl Gustaf Emil. Cependant toute sa vie durant, Mannerheim utilisera son deuxième prénom, Gustaf (Kustaa en finnois), signant ses lettres privées Gustaf ou G..

Outre sa langue maternelle, le suédois, il parlait russe, allemand, anglais et polonais et usait toujours du français avec sa femme et ses enfants. Paradoxalement, Mannerheim n’a jamais parlé couramment le finnois.

La famille Mannerheim descend d’un homme d’affaires allemand, propriétaire de moulins, Henrik Marhein, qui a émigré à Gävle en Suède dans les années 1640, alors que la Suède et Finlande ne formaient à l’époque qu’un seul et même pays (voir histoire de la Finlande). On a longtemps pensé que la famille était originaire des Pays-Bas.

Son fils, Augustin Marhein, a été anobli par lettres patentes en 1693 par Charles XI de Suède, et choisit à cette occasion — comme c’était l’usage alors en Suède — un nouveau nom de famille : Mannerheim. Le fils d’Augustin, un colonel d’artillerie et propriétaire de moulins, Johan Augustin Mannerheim, fut élevé au rang de baron, en même temps que son frère en 1768. Carl Erik Mannerheim, l’arrière grand-père de Gustaf Mannerheim, est le premier Mannerheim à s’installer en Finlande dans la dernière partie du XVIIIe siècle. C’est l’un des politiciens les plus éminents du début du grand-duché de Finlande, occupant plusieurs fonctions publiques pendant les premières années de l’autonomie de la Finlande, passée sous domination russe depuis 1809. Il a été deux fois membre du gouvernement finlandais, dans les conseils de gouvernement 1809–1816 et au sénat 1820–1825. En 1824, il reçoit le titre de comte, qui sera hérité par le fils aîné de la famille.

Le père du futur maréchal Mannerheim, le comte Carl Robert (1835-1914), était poète, mais aussi homme d’affaires. Celles-ci firent malheureusement faillite, ce qui l’incita à divorcer de sa femme, née Hedvig Charlotta von Julin (1842-1881), mère du maréchal, puis à partir se consacrer à l’art en s’installant à Paris avec sa nouvelle épouse.

La mère de Mannerheim, née Hedvig Charlotta von Julin, appartenait à une famille ayant fait fortune avec la révolution industrielle. Malgré cette fortune, le manoir de Louhisaari dut être vendu en 1880 pour payer les dettes du comte Carl Robert après son départ pour Paris. L’année suivante, la mère de Carl Gustav mourut et ses enfants furent élevés par la famille d’Hedvig Charlotta.

Gustaf Mannerheim est envoyé à l’école des cadets finlandais à Fredrikshamn le 19 juin 18825. Il est alors âgé de 14 ans. Ses matières d’excellences sont le français et le suédois, ainsi que l’histoire, mais il n’est pas aussi fort en russe et en finnois (qu’il parlera toujours avec difficulté). La situation financière de Mannerheim n’est pas bonne et il doit souvent emprunter de l’argent à son tuteur Albert von Julin. Il ne se sent pas non plus à l’aise à l’école des cadets: il ne tolére ni l’atmosphère de l’école ni les règles strictes et il est souvent puni.

Mannerheim espérait passer de l’école des cadets à l’école de cavalerie Nicolas à Saint-Pétersbourg, l’une des écoles militaires les plus prestigieuses du pays dont l’examen d’entrée était particulièrement difficile. De plus, il était exigé que leur père ou grand-père ait au moins le grade de lieutenant général ou un équivalent civil dans la table des rangs, ce qui équivalait à la noblesse. Les positions civiles étaient assimilées aux grades d’officiers selon cette table des rangs imposée par Pierre le Grand. Toutefois le général de division Neovius, le directeur de l’école des cadets, n’a pas recommandé Mannerheim, arguant que les compétences en français et en russe de Mannerheim n’étaient pas assez bonnes. En raison de la lettre de Neovius, la demande de Mannerheim a été rejetée et cela l’a profondément blessé et il s’est révolté contre l’école des cadets dont il sera finalement expulsé le 22 juillet 1886.

Il s’inscrit alors à Helsingfors (aujourd’hui Helsinki) dans une école privée pour se préparer à l’examen, pendant un an, et il passe ses examens d’entrée à l’université d’Helsingfors en juin 1887 puis il passe plusieurs mois à Kharkov pour approfondir son apprentissage du russe auprès de son parent l’ingénieur Bergenheim et d’un professeur privé.

Après les examens, il part pour Saint-Pétersbourg, où il est accepté dans cette prestigieuse École de cavalerie Nicolas qu’il convoitait tant et eut comme professeur le général-baron von Bilderling, avec qui il forma des liens d’amitié. À cette époque, la Finlande était en effet toujours intégrée dans l’Empire russe, en tant que grand-duché par une union personnelle. Gustaf Mannerheim en ressort diplômé en 1889, à 22 ans, avec le grade de cornette, et est envoyé au 15e régiment des dragons d’Alexandre en Pologne. Il espère obtenir une affectation dans les Chevaliers-Gardes.

Le baron Mannerheim sert dans les chevaliers-gardes jusqu’en 1904, détaché à l’administration impériale des écuries de la cour de 1897 à 1903. Mannerheim s’est en effet spécialisé en tant qu’expert des chevaux, et sa mission est d’acheter des chevaux pour l’armée. Puis il prend le commandement d’un escadron et devient membre du conseil équestre de formation des régiments de cavalerie.

En octobre 1904, Mannerheim est transféré, à sa propre demande, au 52e régiment de dragons de Nejine en Mandchourie, avec le grade de lieutenant-colonel. Il prend part aux combats de la guerre russo-japonaise et obtient le grade de colonel à la suite de la bataille de Moukden, durant laquelle il fait preuve d’un grand courage. Cette expérience de la guerre lui sera profitable : il prend en effet conscience des faiblesses de l’armée russe et apprend beaucoup sur le plan tactique.

À la fin de la guerre, le baron Mannerheim retourne en Suède et en Finlande (1905-1906), où la Révolution en Russie a eu une influence très forte. Mannerheim, présent en tant que représentant de la noblesse lors de la dernière session de la Diète de Finlande, a participé aux réformes votées par celle-ci et a accepté le principe d’un nouveau parlement monocaméral ainsi que le suffrage universel et l’éligibilité pour tous les hommes et femmes de plus de 21 ans.

L’oncle de Mannerheim, le baron (Nils) Adolf Erik Nordenskiöld (né le 18 novembre 1832 à Helsingfors et mort le 12 août 1901 à Dalby) était un grand explorateur qui a contribué à la connaissance de la Sibérie. Gustav Mannerheim s’en est sans doute inspiré lorsqu’il a planifié son expédition en Asie centrale.

L’Asie centrale était alors l’objet de l’intérêt de trois puissances, la Chine, le Royaume-Uni et la Russie. L’état-major russe, évincé d’Extrême-Orient après sa défaite dans la guerre russo-japonaise, avait décidé de réorienter ses visées stratégiques dans cette direction et souhaitait obtenir des renseignements précis sur cette région.

Officiellement, ce voyage était présenté comme une exploration privée effectuée par un Finlandais (et non un Russe) dans un but essentiellement anthropologique et ethnographique. Naturellement, pour l’état-major russe, le voyage était surtout destiné à couvrir des missions d’espionnage servant l’expansion russe en Asie centrale. Il fut conseillé par son ancien directeur de l’École de cavalerie Nicolas (qui avait commandé la 3e armée de Mandchourie, pendant la bataille de Moukden), le général Alexandre von Bilderling.

Néanmoins, les Finlandais s’attachèrent à la dimension scientifique du voyage et Mannerheim saura les en récompenser puisque le musée national de Finlande dispose de larges collections ethnographiques et anthropologiques provenant de cette expédition. Un modus vivendi est finalement trouvé, les frais étant partagés entre l’état-major russe et le gouvernement finlandais.

Mannerheim, carnet, Finlande.

Les voyageurs partent en juillet 1906 de Tachkent en Ouzbékistan, et rejoignent la mission Paul Pelliot, en attente à Boukhara. Ils rencontrent à Yarkand, le célèbre linguiste suédois Gösta Raquette qui entretiendra une longue amitié avec le futur maréchal. L’expédition continue jusqu’à l’automne 1908 et les mènera jusqu’à Pékin. Après ce voyage, en 1909, Mannerheim est nommé commandant du 13e régiment de uhlans de Vladimir.

L’année suivante (1910), Mannerheim est fait général de brigade et est nommé commandant du régiment des Uhlans de la Garde impériale, basé à Varsovie. En 1912, il est général à la Cour impériale, puis nommé commandant de la brigade de cavalerie impériale en 1913.

Durant la Première Guerre mondiale, Mannerheim sert en tant que commandant de cavalerie sur les fronts austro-hongrois et roumain. Le courage qu’il montre au combat contre les forces austro-hongroises lui vaut en décembre 1914 une des décorations les plus prestigieuses de la Russie impériale, la croix de Saint-Georges de 4e classe. En 1915, Mannerheim prend le commandement de la 12e division de cavalerie, devient Lieutenant-Général en 1917, puis après la révolution de Février, dirige le du 6e corps de cavalerie à partir de l’été.

Cependant Mannerheim n’est pas en faveur auprès du nouveau gouvernement provisoire qui le tient pour un officier peu favorable à la révolution. En septembre, alors qu’il est en convalescence après une chute de cheval, il est démis de ses fonctions. Placé dans la réserve, il part se soigner à Odessa. Dès lors, il commence déjà à penser à la retraite et envisage de rentrer en Finlande.

La révolution débute en Finlande à l’automne 1917, mais la position des différents partis politiques au sujet de l’avenir du pays — et de son indépendance — est très fluctuante. Les gardes rouges (sociaux-démocrates) et blancs (conservateurs) cherchent à fédérer le maximum de personnes.

Néanmoins, le Sénat (gouvernement) propose le 4 décembre au parlement (Eduskunta) une charte d’indépendance, qui est acceptée grâce à une majorité de voix en provenance des partis de droite et des sociaux-démocrates. Le Sénat (gouvernement) de Pehr Evind Svinhufvud nomme alors le général Mannerheim, qui vient de revenir en Finlande, commandant en chef d’une armée presque inexistante.

Dans cette période de grande instabilité, la mission principale assignée au général Mannerheim est la défense du gouvernement. Mais il doit aussi désarmer les soldats de l’armée russe toujours stationnés en Finlande.

Cependant, le gouvernement de Pehr Evind Svinhufvud étant germanophile, Mannerheim conserve certains doutes quant à la politique du  gouvernement. Il accepte cependant l’offre qui lui est faite et forme son état-major à Seinäjoki, où il commence ses offensives pour désarmer les garnissons russes restées en Finlande (environ 40 000 à 50 000 hommes).

La défaite de l’empire tsariste au cours de la Première Guerre mondiale avait provoqué un effondrement total de l’empire russe. À cette crise en Russie correspondit un effondrement similaire de la société finlandaise pendant l’année 1917. Les sociaux-démocrates à gauche et les conservateurs à droite se livraient bataille pour la direction du Sénat et du parlement, qui passa de gauche à droite en 1917.

Alors qu’à partir de mars 1917 n’existait plus en Finlande aucune force de police ou militaire acceptée pour maintenir l’ordre, la gauche comme la droite commencèrent à mettre sur pied leurs propres forces de sécurité, menant à l’émergence de deux corps militaires distincts et indépendants, les gardes blanche et rouge. Une atmosphère de violence politique et de peur crût rapidement parmi les Finlandais. Des combats éclatèrent au cours de janvier 1918 en raison d’actions menées tant par les rouges que les blancs dans une escalade tant militaire que politique.

Pendant ce conflit, il bénéficie de l’enrôlement des soldats finlandais prisonniers en Allemagne (en finnois jääkärit), tandis que l’armée allemande débarque en Finlande pour aider les Blancs, ce que Mannerheim a toutefois de grandes difficultés à accepter. Néanmoins, farouchement anti-communiste, il conserve le commandement des troupes gouvernementales, qu’il mène à la victoire. Héros pour les blancs, son image est celle d’un boucher sanglant pour les rouges, malgré son opposition à la terreur blanche et son absence lors de la période des règlements de compte qui suivit la victoire des blancs.

En total désaccord avec l’influence croissante des Allemands dans les affaires finlandaises, Mannerheim quitte le pays temporairement en juin 19182. Mannerheim est hors du pays pendant la période finale de la guerre civile, celle des règlements de compte, de la famine et de l’emprisonnement dans des camps — où régnait un fort taux de mortalité — des combattants et sympathisants Rouges. Pendant la guerre il avait déjà essayé d’arrêter « la terreur blanche » et s’était opposé à l’emprisonnement massifs des Rouges.

À l’automne 1918, Mannerheim tient des conférences à Londres et à Paris. En septembre, il est à Paris lorsqu’il est invité à retourner en Finlande pour en devenir régent du royaume. Il accepte et devient donc régent le 12 décembre 1918.

Dans le pays, des monarchistes veulent faire de lui le roi de Finlande. En effet, le roi récemment élu, Friedrich Karl Ludwig Konstantin von Hessen-Kassel, prince d’origine allemande, renonce au trône sous la pression des Alliés.

Durant cette période, Mannerheim multiplie les initiatives pour faire reconnaître la Finlande par les grandes puissances (France, Royaume-Uni et États-Unis). Il a également demandé et reçu une aide alimentaire pour éviter la famine. Sollicité par les généraux blancs pour intervenir dans la guerre civile russe, il parvient à maintenir la neutralité finlandaise dans ce conflit. En effet, les principaux chefs blancs refusent de reconnaître l’indépendance finlandaise reconnue par Lénine et le gouvernement bolchevik.

En 1919, Mannerheim perd l’élection présidentielle face à Kaarlo Juho Ståhlberg et se retire temporairement de la vie publique.

Entre les deux guerres les activités de Mannerheim sont principalement humanitaires. Il soutient la Croix-Rouge finlandaise et créé la Fondation Mannerheim pour les enfants.

En 1929 il refuse la proposition des éléments les plus radicaux de la droite finlandaise de devenir une sorte de dictateur militaire de fait, bien qu’il ait exprimé une certaine sympathie à l’égard du mouvement semi-fasciste de droite Lapua.

Élu en 1931, le Président Pehr Evind Svinhufvud, le nomme président du Conseil de la défense nationale de la Finlande.

En 1933, il reçoit le titre honorifique de maréchal (sotamarsalkka, fältmarsalk). À la tête du Conseil de défense nationale, Mannerheim soutient l’industrie militaire de la Finlande et cherche à établir une union militaire de défense avec la Suède, sans succès. Son programme de réarmement de l’armée finlandaise ne se déroulant pas au rythme qu’il aurait souhaité, il entre fréquemment en conflit avec les divers cabinets ministériels, mettant souvent sa démission dans la balance pour obtenir de nouveaux crédits.

Ces blocages le rendent peu optimiste quant aux chances de la Finlande de résister à une invasion dans l’optique d’une guerre prochaine : il entreprendra alors d’obtenir du Président Kyösti Kallio (successeur de Svinhufvud) la promesse écrite qu’il deviendrait commandant-en-chef en cas de conflit, ce qui lui fut accordé in extremis, en 1939.

L’Union soviétique revendiquant des portions importantes du territoire finlandais (Carélie, Laponie) et une base navale dans un port libre de glaces, le gouvernement finlandais refuse ces exigences.

Conscient de l’imminence de la guerre et déplorant le manque  d’équipement et de préparation de l’armée, Mannerheim donne une nouvelle fois sa démission le 17 octobre 1939, en déclarant n’accepter de ne revenir aux affaires qu’en tant que commandant en chef de l’armée finlandaise, ce qui lui est officieusement accordé.

Il installe alors son quartier général dans la ville de Mikkeli. Officiellement, il ne deviendra le chef suprême des armées qu’après l’attaque soviétique, le 30 novembre 1939.

Son aide de camp est le lieutenant général Aksel Airo (ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr 1920 – 1921, puis de l’École supérieure de guerre 1921 – 1923). Mannerheim passe la majeure partie de la guerre d’hiver et la guerre de continuation dans son quartier général de Mikkeli, mais fait de nombreuses visites sur le front.

L’héroïque résistance finlandaise, sur les fortifications de la Ligne Mannerheim et, dans les zones forestières du nord, par le biais de la tactique des “motti” coûte très cher à l’Armée rouge dans les premières semaines de la guerre. Mais après l’écrasement de la Pologne, l’Union soviétique peut rapatrier sur le front finlandais de nombreuses troupes qui renforcent la supériorité numérique soviétique. Le gouvernement finlandais demande alors l’armistice.

Après l’accord de paix de Moscou, signé le 12 mars 1940, Mannerheim conserve son poste de commandant en chef, qu’il aurait dû pourtant quitter aux termes de cet accord.

Durant la guerre de Continuation, la Finlande se trouve engagée aux côtés de l’Allemagne dans un combat commun contre l’URSS, sans pour autant conclure d’alliance.

Mannerheim a maintenu des relations aussi formelles que possible avec le gouvernement de l’Allemagne nazie et, avec succès, il s’est opposé aux propositions d’alliance récurrentes. Il a également fermement refusé d’engager les troupes finlandaises au siège de Leningrad.

Après que les troupes soviétiques auront brisé le siège de Léningrad, le front nord va peu à peu devenir un théâtre d’opérations secondaires, et la situation demeurera stable jusqu’en 1944, date à laquelle la poussée soviétique en Carélie et en Laponie deviendra difficile à contenir.

Pour le 75e anniversaire de Mannerheim, Hitler lui rend visite. Le rendez-vous se situe dans un train garé près d’un terrain d’aviation dans le Sud de la Finlande.

Le 75e anniversaire de Mannerheim (4 juin 1942) est un événement important. Le gouvernement lui accorde le titre unique de maréchal de Finlande (Suomen Marsalkka), jamais décerné auparavant (et qui ne l’a pas été non plus depuis). Cependant, Hitler, en visite en Finlande, souhaite venir féliciter en personne le maréchal Mannerheim à l’occasion de cet anniversaire.

Mannerheim ne veut pas rencontrer Hitler, ni dans son quartier général à Mikkeli, ni dans la capitale de la Finlande à Helsinki, car il ne souhaite pas faire de cette visite une visite d’État. Il organise donc la réunion dans une voiture de chemin de fer garée près du terrain d’aviation d’Immola, au sud-est de la Finlande, cette visite ayant été arrangée en secret.

Hitler, beaucoup plus petit que Mannerheim (Mannerheim mesurait 1m87), porte des talonnettes et demande à ses photographes de trouver un angle favorable pour la photo officielle. Après un discours de félicitations de Hitler et un repas tendu, celui-ci revient en Allemagne, ayant passé seulement cinq heures en Finlande.

Au moment où l’offensive d’été de l’URSS fut arrêtée grâce à l’accord du Président Risto Ryti avec les Allemands en juin 1944 (voir la bataille de Tali-Ihantala), les chefs de la Finlande virent une chance d’obtenir la paix avec l’Union soviétique.

Les Soviétiques ne souhaitant pas négocier avec lui, Risto Ryti fut contraint à la démission. Soutenu par l’ensemble des acteurs politiques, auréolé d’un grand prestige international et peu impliqué (officiellement) dans la politique de rapprochement avec l’Axe, Mannerheim constituait une  solution idéale pour mener les négociations de paix. En conséquence, il fut élu président le 4 août 1944. Le corps électoral étant difficile à convoquer — soldats mobilisés ou prisonniers, territoires occupés, personnes déplacées —, l’élection présidentielle ne put avoir lieu. C’est le Parlement qui élut Mannerheim au poste de président de la République.

Un mois après sa prise de fonctions, le 19 septembre, la Finlande signa l’armistice au prix de conditions jugées assez dures à l’époque — cession de territoires en Carélie et Laponie, concession d’une base navale sur le golfe de Botnie, légalisation du Parti communiste, réparations de guerre —, mais qui apparurent rapidement comme exceptionnelles au regard du traitement réservé aux autres satellites de l’Allemagne, voire à des pays Alliés comme la Pologne.

Sous l’égide de Mannerheim, la Finlande réussit ainsi à préserver l’essentiel en maintenant sa souveraineté, sa démocratie parlementaire et son économie de marché au prix de pertes territoriales limitées. En revanche, les réparations de guerre à acquitter étaient lourdes.

Les accords de paix ne réglaient pas la question des troupes allemandes isolées dans le nord du pays, qui continuaient à lutter contre les Soviétiques en ravageant la Laponie. Avant de connaître la paix, la Finlande dut ainsi combattre les unités de son ancien allié, pour les expulser vers la Norvège, tout en commençant à démobiliser son armée.

À la fin de 1944, un service religieux fut célébré à la synagogue d’Helsinki. Mannerhein y fut officiellement remercié pour avoir évité, grâce à son autorité, aux juifs finlandais tout acte de discrimination et persécution malgré la pression nazie.

Sa mission accomplie, Mannerheim démissionna pour des raisons de santé le 4 mars 1946. L’hommage qui lui fut rendu à cette occasion fut unanime, y compris de la part des communistes finlandais, ses ennemis en 1918, qui reconnurent ses efforts pour la paix. Son Premier ministre Juho Kusti Paasikivi, un conservateur cependant assez russophile, lui succéda.

En prévision de sa retraite, Mannerheim avait acheté le manoir de  Kirkniemi dans la commune de Lohja. Cependant, en 1947, il se fit opérer d’un ulcère et ses médecins lui recommandèrent d’aller en convalescence au sanatorium de Valmont à Montreux (Suisse), séjour qu’il prolongea pour écrire ses mémoires avec ses deux fidèles, le colonel Aladar Paasonen et le général Axel Erik Heinrichs.

Il meurt le 27 janvier (28 janvier en Finlande) 1951 à Lausanne et est enterré le 4 février suivant dans le cimetière militaire de Hietaniemi à Helsinki à l’issue de funérailles nationales durant lesquelles lui sont rendus les honneurs militaires. Sur son tombeau figurent la devise des Mannerheim : Pro causa candida Ense candido (« Pour une cause pure avec une épée pure »).

À ce jour, il demeure considéré comme le plus grand homme d’État finlandais.

Depuis 1942, la date anniversaire de Mannerheim, le 4 juin, est célébrée en Finlande comme « jour du drapeau » par les forces de défense finlandaises.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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