Bronisław Kasper Malinowski, né le 7 avril 1884 à Cracovie, et mort le 16 mai 1942 à New Haven, est un anthropologue et ethnologue polonais. Ses monographies descriptives sont devenues des classiques. Il est l’un des premiers à analyser des phénomènes d’acculturation, en anticipant sur les recherches menées de nos jours au niveau de la psychosociologie des contacts interculturels et du développement. Pionnier des méthodes de terrain modernes, il est précurseur de la méthode d’observation participante et fondateur d’un nouveau système théorique, le fonctionnalisme, qui postule que les éléments de la société interagissent, forment un tout et sont tournés vers un même but.
Il est considéré comme l’un des pères de l’ethnologie moderne.
Malinowski part donc pour sa première expédition scientifique en 1914. La Première Guerre mondiale le surprend avant même que son bateau n’accoste en Australie et où, en tant que ressortissant autrichien, il est assigné à résidence sans avoir le droit de retourner en Europe. Une administration britannique le laisse cependant libre de ses mouvements et lui permet de s’exiler parmi les Mélanésiens. Il passe alors les quatre années de la guerre parmi les indigènes des îles Trobriand, un petit archipel au large de la côte nord-ouest de la Nouvelle-Guinée.
Pour ne pas se laisser influencer malgré lui par les idées fausses, parfois tendancieuses, des Blancs, Malinowski coupe les ponts avec le monde civilisé, pour vivre parmi les indigènes, comme l’un d’eux. Isolé, sans autre contact que sa fréquentation intime des indigènes dont il partage la vie quotidienne, il acquiert une connaissance parfaite de leur langue. Malinowski est ainsi le premier à donner une place prépondérante à l’enquête directe sans intermédiaire et de la théoriser. Il est l’inventeur de l’anthropologie de terrain et de la méthode dite d’observation participante. Son objectif est de saisir le point de vue de l’indigène, sa relation avec la vie, de parvenir à comprendre sa vision du monde. Dans ses écrits, Malinowski part toujours d’un fait concret ou d’une image. La théorie ne vient qu’ensuite.
De ce long séjour parmi les Trobriandais, de 1915 à 1918, Malinowski rapporte ses grands classiques de la littérature ethnographique : Les Argonautes du Pacifique occidental (1922), La Vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la Mélanésie (1929), Le mythe dans la psychologie primitive (1932), Les jardins de corail (1935). Leur succès tient également à leurs qualités littéraires : un souffle narratif, de magnifiques descriptions, une sensibilité aux valeurs esthétiques.
Dans Les Argonautes du Pacifique occidental, Malinowski décrit et analyse un type d’échange particulier : la kùla, inaugurant ainsi l’anthropologie économique. Il s’agit d’un système codifié d’échanges symboliques (des brassards et colliers de coquillages) qui donne lieu à des expéditions maritimes permettant de relier une vingtaine d’îles éloignées et quelques milliers de personnes. L’ouvrage représente le modèle type de la méthode d’investigation du fonctionnalisme.
Malinowski profite d’un de ses courts séjours en Australie pour rencontrer et épouser en 1919 Elsie Rosaline Masson (1890‑1935), fille d’un professeur de chimie à l’Université de Melbourne. Le couple a trois filles : Józefa, Wanda et Helena. Cependant sa femme, qui l’accompagne désormais dans ses voyages, contracte une maladie incurable de la moelle épinière. Elle fera d’elle une infirme pendant plus de dix ans. En dépit des succès remportés sur le plan scientifique dès son retour en Europe, les années qui suivent les expériences passionnantes des Trobriands sont difficiles.
En 1922, Malinowski retourne avec son épouse en Pologne pour vendre les biens familiaux. Initialement décidé à faire de Zakopane sa demeure estivale pour sa famille, il décide finalement d’acquérir une propriété dans les Alpes italiennes, proche de Bolzano et de la frontière autrichienne. Il renonce aussi à un poste de professeur que lui offre alors l’Université Jagellonne.
En 1924, Malinowski devient enseignant puis, en 1927, professeur d’anthropologie à l’Université de Londres, la chaire d’anthropologie sociale étant créée à son intention. Ses cours d’ethnographie deviennent fameux et il attire de nombreux étudiants, qui à leur tour deviennent des savants de renom dont : Raymond Firth, Edmund Leach, Evans-Pritchard, Isaac Schapera, Paul Kirchhoff et Audrey Richards.
Il prend la nationalité anglaise, voyage beaucoup en Afrique et en Amérique. Aux États-Unis, il visite les Indiens Hopi et fait séjour chez les Bamba et les Chagga de l’Afrique orientale. Il donne des cours également aux États-Unis : à l’Université de Californie en 1926 et à l’Université de Cornell en 1933.
Sa première femme décède en 1935 et en 1940, Malinowski épouse la peintre Anna Valetta Hayman‑Joyce (1904‑1973), alias Valetta Swann.
La Seconde Guerre mondiale l’oblige à quitter sa chaire à Londres. Son hostilité ouverte pour le régime national socialiste lui vaut l’interdiction de ses livres en Allemagne. On l’invite à donner des cours à l’Université Yale. En 1940, il effectue des recherches au Mexique, chez les Zapotèques de la région de Oaxaca. C’est aux États-Unis qu’il rédige son livre le plus engagé, Freedom and Civilization, édité par sa seconde femme après sa mort. Il s’agit bien de son testament spirituel, expression des croyances fondamentales et des conclusions de Malinowski concernant la guerre, le totalitarisme et l’avenir de l’humanité.
Bronisław Malinowski meurt d’une attaque cardiaque le 16 mai 1942 à New Haven dans le Connecticut aux États-Unis.
Source : Wikipédia.