Avicenne, philosophe et médecin médiéval.

Avicenne, ou Ibn Sīnā (en persan et arabe : ابن سینا), né le 7 août 980 à Afshéna, près de Boukhara, dans la province de Transoxiane (actuel Ouzbékistan) et mort en juin 1037 à Hamadan (Iran), est un philosophe et médecin médiéval persan. Rédigeant principalement en arabe classique, il s’intéressa à de nombreuses sciences, comme l’astronomie, l’alchimie, et la psychologie.

Ses disciples l’appelaient cheikh el-raïs, c’est-à-dire le « prince des savants », le plus grand des médecins, le Maître par excellence, ou encore le troisième Maître (après Aristote et Al-Fārābī).

Ses œuvres principales sont l’encyclopédie médicale Qanûn (« Canon de la médecine ») et ses deux encyclopédies scientifiques ash-Shifa (« La guérison [de l’âme] ») et Danesh-e Nâma (« Livre de science »). Dans son Qanûn, il opère une vaste synthèse médico-philosophique avec la logique d’Aristote, combinée avec le néo-platonisme, élevant la dignité de la médecine comme discipline intellectuelle, compatible avec le monothéisme. Son influence sera prédominante dans l’Occident médiéval latin jusqu’au xvie siècle.

Si son œuvre médicale n’a plus qu’un intérêt historique, son œuvre philosophique se situe au carrefour de la pensée orientale et de la pensée occidentale. Elle reste encore vivante au début du xxie siècle dans le cadre de l’islam iranien. Elle continue d’être étudiée en Occident du point de vue de la philosophie, de l’épistémologie et des sciences cognitives.


La vie d’Avicenne est connue par son autobiographie. De son nom complet Abu ʿAli al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sīnā, il naît le 7 août 980 à Khormeytan (ou Afshéna, le pays du soleil), petit village situé près de Boukhara, en Transoxiane (actuel Ouzbékistan). Son père, ‘Abdallah, musulman chiite ismaélien, originaire de Balkh, au nord de l’Afghanistan actuel, est collecteur d’impôts du village au service du souverain samanide Nouh ibn Mansour. Sa mère, Setareh (ou Sitara), d’origine tadjik, vit à Afshéna.

Durant sa petite enfance, Avicenne étudie l’arithmétique chez un marchand herboriste, expert en calcul indien. Ayant une bonne mémoire, le jeune garçon finit par surpasser son maître en calcul et en mathématiques. Sous la conduite du maître Abu Abdallah Ennatili, il s’initie au Coran, aux auteurs arabes et à la philosophie, en commençant par l’Isagogè de Porphyre (un petit traité pédagogique de vulgarisation de la philosophie d’Aristote). À l’âge de dix ans, il maitrise ainsi le Coran, l’arithmétique, la géométrie d’Euclide, et des bases de la philosophie comme la logique. Il se lance tout seul dans des études difficiles comme l’Almageste de Ptolémée.

À l’âge de 14 ans, son précepteur Ennatili le quitte pour aller dans une autre ville. Un ami médecin lui apporte les traductions des œuvres d’Hippocrate, qu’il aurait lu d’un trait, nuit et jour. Il raconte dans son autobiographie : « quand le sommeil me gagnait, que je sentais mes forces faiblir, je prenais un breuvage épicé pour me soutenir, et je recommençais mes lectures ».

Sa mémoire étant phénoménale, il lit aussi toutes les traductions de Galien. À l’âge de 16 ans, il est brillamment reçu médecin à l’école de Djundaysabur où professent des médecins de toutes confessions : juifs, chrétiens, mazdéens et musulmans. À 17 ans, il donne des cours à l’hôpital de Boukhara qui sont suivis par des médecins étrangers.

Avicenne, entier postal, Russie, 1979.

Avicenne est appelé auprès du prince Nouh ibn Mansour qui souffre de violentes coliques. Il diagnostique une intoxication par le plomb des peintures décorant la vaisselle du prince, et réussit à le guérir. Il est alors autorisé à consulter la riche bibliothèque royale des Samanides.

En un an et demi, il acquiert la connaissance de tous les auteurs anciens disponibles. Il bute cependant sur la Métaphysique d’Aristote qu’il ne comprend pas, mais il surmonte cette difficulté en découvrant les commentaires d’Al Farabi. Dans son autobiographie, il déclare avoir intégré tous les savoirs de son temps à l’âge de 18 ans, grâce à sa mémoire, mais que son esprit n’était pas assez mûr.

Vers 1001, un incendie détruit la bibliothèque des Samanides. Les ennemis d’Avicenne l’accusent d’en être l’auteur. Le nouveau prince Abdul Malik lui interdit l’entrée de l’hôpital de Boukhara. En disgrâce, risquant la prison, Avicenne s’enfuit vers le Khârezm, une principauté indépendante (de 994 à 1231) qui se situe principalement sur le territoire actuel de l’Ouzbékistan, mais aussi sur les bords de la mer Caspienne du Turkménistan. Le prince du Khârezm aime les sciences et s’entoure de nombreux savants. Avicenne y demeure 9 ans, c’est là qu’il commence à rédiger ses premiers livres, à l’âge de 21 ans.

Mais la situation politique et militaire de la région (de l’Asie centrale au Moyen-Orient) est instable. Les dynasties d’origine turque et d’origine perse sont en conflit permanent, faisant chuter les capitales. Avicenne doit fuir à nouveau, car il ne souhaite pas servir sous les Turcs, ennemis des Persans. En 1010, il s’installe à Gorgan, où il entreprend son œuvre majeure, le Qanûn (ou Canon) de médecine. Il passe ensuite dans la ville de Ray, dont il guérit le prince, atteint de mélancolie.

En 1014, il est appelé à Hamadan auprès de l’émir bouyide Chams ad-Dawla, et le guérit de ses douleurs inexpliquées. Le prince le choisit alors comme vizir (premier ministre). Avicenne s’impose un travail harassant : le jour, il se consacre aux affaires publiques, la nuit à la science. Il achève son Canon médical et rédige plusieurs ouvrages, avec l’aide du fidèle al-Juzjani, son secrétaire et biographe. Mais en 1021, après la mort du prince Chams ad-Dawla, son fils Sama’ ad-Dawla accède au pouvoir. Avicenne n’a plus de protecteur et victime d’intrigues politiques, il passe quatre mois en prison, au cours desquels il continue de rédiger des livres.

En 1023, il parvient à s’enfuir et se rend à Ispahan, auprès de l’émir kakouyide Ala ad-Dawla Muhammed. C’est là qu’il écrit, durant 14 ans, la dernière partie de son œuvre (astronomie, sciences et linguistique). Il n’hésite cependant pas à reprendre la route, répondant aux appels des princes de Perse, de Mésopotamie et du Turkestan. Sa réputation et sa popularité sont immenses, car il exerce la médecine aussi bien dans les cours princières, qu’auprès des pauvres les plus démunis.

En participant à une expédition menée par l’émir ‘Ala ad-Dawla dans le Kermanshah, Avicenne tombe malade. Il meurt à Hamadan au mois d’août 1037 (premier vendredi du mois de ramadan 428 de l’Hégire), à l’âge de cinquante-sept ans. Il souffrait depuis longtemps d’une maladie intestinale dont la nature exacte est discutée : cancer du côlon, dysenterie amibienne, empoisonnement criminel…

Avicenne est enterré près d’Hamadan. Son tombeau reste un lieu de pèlerinage jusqu’au xxie siècle. Jusqu’en 1950, il n’était signalé que par une simple « lanterne des morts » en granit. En 1952, un mausolée monumental a été inauguré sur sa tombe à Hamadan. Il s’agit d’une colonnade de granit en 12 piliers, symbolisant les douze sciences du savoir d’Avicenne, couronnés par une toiture conique. À cette occasion, des photographies de son crâne sont prises, permettant à un anthropologue et sculpteur soviétique de réaliser un « portrait » d’Avicenne. Cette statue en marbre blanc se trouve près du mausolée.

Avicenne est revendiqué par de nombreux pays, car il est né dans une région qui s’est appelé le Turkestan et qu’il a beaucoup voyagé et séjourné dans des pays musulmans. Le reconnaissent comme leur : l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Azerbaïdjan, l’Afghanistan, l’Iran, la Turquie… De nombreux pays arabes éloignés, au motif d’un séjour supposé, lui prêtent une vénération particulière.

Son œuvre est d’une ampleur variable selon les sources : 276 titres pour G. C. Anawati, 242 pour Yahya Mahdavi, voire 456 titres pour le chercheur iranien Said Nafissi, mais seuls 160 sont parvenus jusqu’à nous13.

Il est l’auteur de monuments, d’ouvrages plus modestes, mais aussi de textes courts. Son œuvre couvre toute l’étendue du savoir de son époque: logique, linguistique, poésie ; physique, psychologie, médecine, chimie; mathématiques, musique, astronomie; morale et économie ; métaphysique ; mystique et commentaires de sourates du Coran.

Avicenne, fin lettré, fut le traducteur des œuvres d’Hippocrate et de Galien et porta un soin particulier à l’étude d’Aristote. Il s’inscrit dans un mouvement général qui voit les philosophes de culture islamique découvrir la culture grecque auprès de l’Empire byzantin.

Pendant plusieurs siècles, jusqu’au xviie siècle, son Qanûn constitue le fondement de l’enseignement tant en Europe, où il détrône Galien, qu’en Asie.

Le dessein personnel du philosophe trouve son achèvement dans la philosophie orientale (hikmat mashriqiya), qui prit la forme de la compilation de vingt-huit mille questions. Cette œuvre disparut lors du pillage d’Ispahan (1034), et il n’en subsiste que quelques fragments.

Avicenne a écrit principalement en arabe classique (pour presque tous ses ouvrages majeurs) mais parfois aussi dans la langue vernaculaire, le persan, pour 23 titres mineurs (à l’exception du Danesh Nâma ou « Livre de Science »).

Son œuvre est d’une ampleur variable selon les sources : 276 titres pour G. C. Anawati, 242 pour Yahya Mahdavi, voire 456 titres pour le chercheur iranien Said Nafissi, mais seuls 160 sont parvenus jusqu’à nous.

Il est l’auteur de monuments, d’ouvrages plus modestes, mais aussi de textes courts. Son œuvre couvre toute l’étendue du savoir de son époque: logique, linguistique, poésie ; physique, psychologie, médecine, chimie; mathématiques, musique, astronomie; morale et économie ; métaphysique ; mystique et commentaires de sourates du Coran.

Avicenne, fin lettré, fut le traducteur des œuvres d’Hippocrate et de Galien et porta un soin particulier à l’étude d’Aristote. Il s’inscrit dans un mouvement général qui voit les philosophes de culture islamique découvrir la culture grecque auprès de l’Empire byzantin.

Pendant plusieurs siècles, jusqu’au xviie siècle, son Qanûn constitue le fondement de l’enseignement tant en Europe, où il détrône Galien, qu’en Asie.

Le dessein personnel du philosophe trouve son achèvement dans la philosophie orientale (hikmat mashriqiya), qui prit la forme de la compilation de vingt-huit mille questions. Cette œuvre disparut lors du pillage d’Ispahan (1034), et il n’en subsiste que quelques fragments.

Avicenne a écrit principalement en arabe classique (pour presque tous ses ouvrages majeurs) mais parfois aussi dans la langue vernaculaire, le persan, pour 23 titres mineurs (à l’exception du Danesh Nâma ou « Livre de Science »).

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.