Auguste Jean-Marie Pavie, explorateur, pionnier de la France au Laos.

Auguste Jean Marie Pavie, né à Dinan le 31 mai 1847 et mort le 7 juin 1925 à Thourie, en Ille-et-Vilaine, est un explorateur, diplomate et haut fonctionnaire français. Il épouse le 25 octobre 1897 à la mairie du IXe arrondissement de Paris, Hélène Louise Marguerite Gicquelais.

Auguste Pavie fit ses études à Guingamp, où un lycée porte son nom. À l’origine agent des télégraphes en Cochinchine, il devint explorateur, ethnologue, photographe des rives du fleuve Mékong (“mission Pavie” 1889-1890), il fut le premier vice-consul de France au Laos (1887), consul-général de France à Bangkok en 1892, puis commissaire général au Laos en 1893.

Engagé dès 17 ans tout d’abord dans l’armée de terre, Pavie intègre l’infanterie de marine, les “Marsouins”, dans l’espoir de participer aux expéditions militaires au Mexique lancées par Napoléon III. Il est en fait affecté en Indochine, à Saïgon (1867). Lassé par l’ennui de la caserne et bercé de récits d’aventure par son ami Raphaël Garcerie, il se fait employé au service des Postes et Télégraphes. Fervent patriote, il tente de participer aux combats de la guerre franco-prussienne de 1870, mais arrivé trop tard, il ne prendra part qu’aux douloureux assauts de la Commune de Paris. Humilié et dépité par la défaite française, il ne rêve plus que de relever l’honneur national par la découverte de nouveaux territoires. De retour en Cochinchine, il est muté à Kampot au Cambodge (1876) où il est seul Occidental parmi les indigènes, et il s’immerge pendant trois ans dans la culture khmère et adopte le mode de vie local, renonçant à l’arrogance du jeune colonialiste qu’il a été, sous l’enseignement bienveillant de moines bouddhistes.

Remarqué pour ses notes d’exploration, il se voit confier par le nouveau gouverneur civil Le Myre de Vilers la direction du chantier de la ligne télégraphique entre Phnom Penh et Bangkok (1881-1885); une épreuve d’autorité et de charisme pour conduire une équipe de plus de cent ouvriers, annamites et khmers. Pour récompense du zèle et de l’efficacité de son travail, il est décoré à 37 ans de la Légion d’honneur. Ce sera aussi l’occasion de démontrer ses qualités de négociateur avec les autorités siamoises, qui lui vaudront d’être nommé vice-consul au Laos, à Luang Prabang. Lors d’un voyage à Paris en 1886 il embarque avec lui treize jeunes fils de la haute société cambodgienne et fonde “l’École cambodgienne”, qui devient rapidement l’École coloniale, dont le but initial est la formation de cadres indigènes pour l’administration des colonies.

Auguste Pavie, épreuve d’artiste en bleu.

De retour à Bangkok, il pense pouvoir entamer l’œuvre de sa vie, l’exploration des régions inconnues du Haut-Laos. Mais il lui faut subir la forte réticence des autorités siamoises pour organiser son voyage, et il atteint péniblement la petite capitale de Luang-Prabang, le 10 février 1887, six mois après son départ de la capitale du Siam. Il se fait apprécier du vieux roi Oun Kham, cerné d’agents siamois, en organisant son sauvetage lors d’un sac de la ville par les mercenaires chinois, les “Pavillons Noirs”, déjà connus pour l’assassinat de Francis Garnier. Dès lors, sa vie est liée au devenir de ce petit royaume, petite poche de survie de l’ancien royaume Lao. Par une attitude patiente, toute stratégique, respectueuse et pacifique à l’égard des peuples indigènes, il obtient le protectorat de Luang-Prabang par la France, déjouant les perspectives expansionnistes du royaume du Siam, soutenu par l’Empire britannique. En 1888 il pacifie la région de la Rivière Noire avec Théophile Pennequin.

avec variété “piquage à cheval”.

Il commande néanmoins le blocus de Bangkok par l’escadre de l’Extrême-Orient à l’automne 1893 pour obtenir la signature du Traité d’octobre 1893, pierre angulaire de la renaissance du Laos.

Devenu commissaire général au Laos, Auguste Pavie signe la paix avec les bandes de mercenaires chinois, et se fait l’ami du chef emblématique du Pays Taï voisin du Laos, Deo Van Tri dont les fils et neveux iront suivre l’enseignement de l’École coloniale.

Son unique objectif est désormais la pacification effective des territoires laotiens et leur administration autonome, qui goûteront une paix éphémère, depuis les troubles et conflits répétés dès 1944 jusqu’aux massacres de la révolution communiste en 1975.

es frontières du nord de la future Indochine fixées avec le Siam, l’Angleterre et la Chine, Auguste Pavie, épuisé (il a été souvent victime de fièvres et de la dysenterie), rentre définitivement en France en 1895. Il devient un temps la vedette de la presse parisienne, puis, s’étant rasé sa barbe légendaire, retombe dans un anonymat qu’il préfère. Par l’entremise de sa sœur Adèle, à 50 ans (25 octobre 1897) il épouse une jeune dinannaise, Hélène Louise Marguerite Gicquelais, et se consacre à la rédaction et l’édition de son travail d’explorateur, la Mission Pavie en dix volumes, qui retrace les 36 000 km explorés et la première carte complète de l’Indochine. Le couple aura un fils, Paul-Auguste, trop tôt victime de la tuberculose en 1940, alors qu’il préparait un ouvrage sur la vie de son père depuis son retour en France.

Bien que ministre plénipotentiaire en titre, Auguste Pavie décline toutes les offres d’ambassades, pour se consacrer uniquement au Laos, “l’unique œuvre”, encore menacé par les convoitises anglaises et siamoises. Devant la fadeur de la politique du ministre des Affaires étrangères sur la question, il demande sa mise à la retraite anticipée, consterné par le manque de détermination du gouvernement.

Il veille toujours avec son frère Pierre sur les jeunes étudiants de l’École coloniale, dont les princes Piranit et Monivong, fils du roi Sisowath du Cambodge.

Dès lors il partage sa vie entre son hôtel particulier d’Auteuil où il tient table ouverte à tous les explorateurs de retour, entre autres le célèbre Pierre Savorgnan de Brazza, dit Brazza, avec qui il partage les idées de colonisation pacifique et respectueuse des peuples indigènes ; sa maison de Dinan et la résidence d’été de son épouse, le manoir La Raimbaudière à Thourie. Il rédige un recueil de ses carnets de voyage, A la conquête des cœurs, publié en 1921, des contes traditionnels du Cambodge, et prépare un ouvrage pour la sauvegarde des éléphants. Il sympathise avec Robert Bellanger, sénateur et industriel, son voisin du Theil de Bretagne, et lui achète une limousine Bellanger, qui fera la fierté de son épouse lors des messes dominicales. Devenu maire de Thourie, c’est dans l’exercice de son mandat qu’il décède paisiblement à La Raimbaudière, le 7 mai 1925, à 77 ans.

Source : Wikipédia