Auguste Comte, philosophe.

Auguste Comte, né Isidore Marie Auguste François Xavier Comte le 19 janvier 1798 (30 nivôse an VI) à Montpellier (Hérault) et mort le 5 septembre 1857 à Paris, est un philosophe français, fondateur du positivisme.

Polytechnicien, son intérêt profond pour l’enseignement constitue le fil rouge de sa carrière. Il est tour à tour professeur particulier de mathématiques, répétiteur et examinateur à l’École Polytechnique, et précepteur dans un établissement préparatoire aux concours scientifiques. Ses talents de pédagogue s’exercent également pendant plus de vingt-cinq ans dans les cours publics d’astronomie, puis d’histoire, qu’il destine à un public ouvrier.

Il développe pendant toute sa vie un système philosophique, le positivisme, qui part d’une théorie de la connaissance reposant sur la loi des trois états pour proposer une classification des sciences. Cette classification consacre l’avènement de la physique sociale, appelée sociologie à partir de 1839. Cette dernière aboutit elle-même à une politique et à une morale. Entre 1845 et 1849, le positivisme prend un tournant religieux, qui se concrétise dans la fondation de la Religion de l’Humanité, l’Humanité étant entendue par Comte comme « l’ensemble des êtres passés, futurs et présents qui concourent librement à perfectionner l’ordre universel ».

L’influence d’Auguste Comte sur l’épistémologie et la sociologie françaises est considérable. Le mouvement positiviste a connu un développement international important par l’intermédiaire de nombreux disciples étrangers : Brésil, Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, Hongrie, Italie, Argentine, Mexique, Uruguay, Turquie.

Le dernier domicile parisien qu’il a occupé à partir de 1841 au 10, rue Monsieur-le-Prince (6e arrondissement) est aujourd’hui un appartement-musée ouvert aux visiteurs. Ses archives personnelles y sont conservées, ainsi que celles d’un grand nombre de sociétés positivistes et de disciples français comme étrangers.

Après deux mois et demi à Montpellier, Auguste Comte retourne à Paris en juillet 1816. Il s’installe dans le Quartier Latin, et loue une chambre rue Neuve de Richelieu, près de la Sorbonne. Sans emploi et sans argent, il vit de l’aide financière accordée par ses parents tout en donnant des cours particuliers de mathématiques. Un projet de poste de professeur de géométrie dans une école américaine créée sur le modèle de Polytechnique, proposé par le général Simon Bernard, ne se concrétise pas, à la grande déception de Comte qui idéalise les États-Unis. Il mène alors une vie déréglée dans Paris, fréquentant assidument le théâtre et les prostituées, « dégoûtantes beautés de la galerie de Valois » du Palais royal.

En plus de ses cours particuliers, Comte travaille également comme traducteur, en traduisant en français un traité de géométrie publié en 1811 par un mathématicien écossais, sur la proposition de son ancien professeur Jean-Nicolas-Pierre Hachette18. La floraison de très nombreux nouveaux périodiques à cette époque, en particulier à Paris, lui ouvre également une carrière de journaliste. Activité considérée comme subversive, le journalisme lui apparaît alors comme l’expression de la « conscience de la nation » en raison du contrôle exercé par le gouvernement.

Auguste Comte, carte maximum, Paris, 14/09/1957.

C’est dans ce contexte qu’il rencontre en août 1817 Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, dont il devient le secrétaire pendant près de huit ans, entre 1817 et 1824. Il collabore activement à la rédaction d’articles de presse, mais aussi d’ouvrages philosophiques. Les réflexions saint-simoniennes sur le passage de l’âge théologique et féodal à l’âge positif et industriel l’inspirent durablement dans l’élaboration de la loi des trois états. Les articles de Comte dans L’Industrie portent ainsi en germe sa future philosophie positive, de même que le Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, rédigé en 1822. Il y expose une classification des sciences, la loi des trois états ainsi que la nécessité de faire de la politique une science.

Pendant cette période, Comte occupe également d’autres emplois, liés à l’incapacité de Saint-Simon de le payer régulièrement. Il écrit ainsi des discours pour Casimir Périer en 1818, et enseigne dans un pensionnat dirigé par le baron Antoine Reynaud d’octobre à janvier 1818. À partir de décembre 1818, il publie régulièrement dans le nouveau journal de Saint-Simon, Le Politique ou Essais sur la politique qui convient aux hommes du XIXe siècle. Lorsque le journal ferme en 1819, il commence à écrire pour Le Censeur européen. À partir de cette période, il signe « A.C. » et non plus « I.C. », choisissant de marquer par l’adoption de son troisième prénom Auguste le début d’une nouvelle ère. Entre novembre 1819 et février 1820, il participe à L’Organisateur, lancé une fois de plus par Saint-Simon.

Son engagement en faveur du prolétariat et des femmes trouve un écho dans l’oppression que Comte ressent lui-même vis-à-vis du système social de la Restauration. Ses premières formulations d’une science de la société s’enracinent dans ce contexte particulier ; à partir de 1820, il considère qu’il s’est émancipé totalement du système de pensée de Saint-Simon. Il pose aussi les bases d’une philosophie des sciences.

On sait peu de choses de la vie de Comte entre 1820 et 1824 faute de lettres. Néanmoins en mars 1824, Comte et Saint-Simon se brouillent définitivement pour de multiples raisons, dont la publication du Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, les divergences d’idée, et la revendication de leur originalité respective.

Jugé trop “démodé” pour un public en rupture avec la philosophie sensationnaliste du XVIIIe siècle, le cours de philosophie positive d’Auguste Comte n’est pas renouvelé par l’Athénée en 1831. Malgré cette déception, la publication du Cours sous forme de cahiers suit son cours depuis le début de l’année 1830. Le rythme de parution, qui doit initialement aboutir à quatre ouvrages reliés, est plus lent que prévu, mais l’accueil dans les cercles scientifiques est élogieux. Ces travaux introduisent Comte dans les soirées mondaines de savants très en vue tels que Navier, le baron Fourier ou le baron de Férussac. Il est également invité aux célèbres dîners mensuels donnés par Blainville.

En revanche, l’accueil de la presse est beaucoup moins favorable. La Revue française et Le Lycée réprouvent son style obscur et son manque d’originalité. Matérialisme et athéisme lui sont reprochés, au point de devenir plus tard deux termes indissociablement liés à celui de positivisme. La parution irrégulière des livraisons aggrave l’incompréhension de sa pensée, et l’image d’une philosophie aride et scientifique s’ancre dès cette époque. Le Cours de philosophie positive se compose finalement de six volumes, dont le dernier paraît en 1842.

Le renforcement des liens avec L’École Polytechnique en 1830 ne va pas sans une certaine amertume pour Comte. Deux de ses anciens camarades, Félix Savary et Gabriel Lamé, ont obtenu des postes de professeur, alors même que Comte échoue dans sa candidature à la chaire d’analyse et de mécanique en mars 1831 face à son ami Henri Navier. Ses tentatives ultérieures, en 1835, 1836 et 1840, ne seront pas davantage couronnées de succès.

En décembre 1832, il obtient cependant un poste de répétiteur assistant pour ce même cours d’analyse de mécanique, assuré par Navier et dont Gustave-Gaspard Coriolis est le répétiteur. Malgré le caractère modeste de sa position, le voilà « attaché à l’institution qui avait profondément marqué son existence et sa philosophie, et qui n’avait jamais cessé de faire l’objet de sa loyauté, sinon de son affection ». En juin 1838, il est élu examinateur d’admission, avant de devenir répétiteur à part entière en novembre 1838.

Le cumul de ces deux fonctions bien rémunérées avec son activité de professeur à l’Institut Laville, où il prépare les candidats aux concours scientifiques depuis 1836, lui assure une aisance matérielle inédite. Ses revenus annuels dépassent désormais 10.000 francs, et lui permettent de déménager en 1841 dans ce qui sera son dernier domicile : le 10, rue Monsieur-le-Prince.

Si Comte répétiteur a laissé l’image d’un pédagogue sévère malgré son efficacité, Comte examinateur excellait dans sa mission. Patient, il posait des questions suffisamment simples pour chaque candidat, et donne aux meilleurs l’occasion de faire preuve de leurs qualités avec des problèmes plus ardus14. Il croyait fermement qu’une « réflexion intelligente était bien plus importante que la capacité à réaliser mécaniquement des calculs ». Un public nombreux et très varié venait remplir les salles où il faisait passer les candidats afin d’assister à ses sessions, allant jusqu’à le suivre dans une autre ville pour l’observer à nouveau. Son prestige est tel que de nombreuses personnes haut placées lui écrivent directement pour lui demander de bien vouloir favoriser un candidat, en dépit de sa réputation d’impartialité.

À partir de mai 1857, Auguste Comte s’affaiblit de plus en plus. Il refuse au départ l’intervention d’un médecin, convaincu de pouvoir se soigner seul. À la fin du mois d’août, son état empire ; les docteurs Jean-François Robinet, Foley et Audiffrent détectent de nombreux symptômes que l’on interprète aujourd’hui comme un cancer de l’estomac. Le 5 septembre 1857, il est frappé d’une hémorragie interne et décède à six heures du matin, en présence de Robinet, de Sophie Bliaux et de son époux.

Auguste Comte, épreuve d’artiste.

Les funérailles ont lieu le 8 septembre 1857. Une cinquantaine de personnes seulement y assistent selon le Journal des Débats, parmi lesquelles Proudhon. Deux journalistes réputés sont également présents : Charles Fauvety et Henri Lecouturier. Comte est placé dans un caveau provisoire au cimetière du Père-Lachaise, avant d’être plus tard enterré près de la tombe d’Élisa Mercœur, poétesse préférée de Clotilde de Vaux. Une grande sculpture en bronze représentant Clotilde du sculpteur brésilien positiviste Décio Villares (1851-1931) décore sa sépulture depuis 1985. Son exécuteur testamentaire est le docteur Robine.

Les positivistes organisent pendant longtemps des pélerinages sur sa tombe, bientôt rejointe par celles de plusieurs de ses disciples : Pierre Laffitte, Fabien Magnin, la famille Thomas, Auguste Gouge, ou encore Georges Deherme. Ces sépultures forment le « carré positiviste ».

Le décès d’Auguste Comte ouvre une période de tensions au sein de la Société Positiviste, en raison de l’absence de successeur désigné. Cette décision a des conséquences profondes sur la cohésion du mouvement positiviste, qui aboutit à plusieurs schismes dévastateurs et entrave sa viabilité.

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Sources : Wikipédia, Youtube.