Anton Bruckner, compositeur et organiste.

Anton Bruckner, né le 4 septembre 1824 et mort le 11 octobre 1896, est un compositeur et organiste autrichien. Figure éminente du romantisme allemand, sa rencontre avec Richard Wagner, en septembre 1873, influença la composition de sa 3e symphonie. Sa musique polyphonique et théologique, à l’orchestration par blocs différenciés à partir d’une cellule de base, fut desservie par la critique et un auditoire viennois acquis à la musique de Brahms. Musicien longtemps incompris, mais défendu par Gustav Mahler et Hugo Wolf, le « maître de Saint-Florian » est devenu aujourd’hui un pilier du répertoire symphonique des programmes de concerts. Perfectionniste, Bruckner composa différentes versions et éditions de ses symphonies. Pédagogue exigeant quoique considéré comme dévot naïf1, le compositeur sut exploiter la grandeur de la forme symphonique en poursuivant l’œuvre de Ludwig van Beethoven, forme qui servira son immense foi catholique, la majestueuse symphonie no 9 inachevée étant dédiée à Dieu.


Bruckner, carte maximum, Allemagne, 1996

Josef Anton Bruckner est né le 4 septembre 1824 à Ansfelden, petit village situé près de Linz, en Haute-Autriche. Il était le premier enfant d’Anton, maître d’école et de son épouse, Thérèse Helm. Très vite ses parents se rendirent compte des dons musicaux de l’enfant, qui, à l’âge de dix ans, était en mesure de remplacer son père à l’orgue paroissial. Ses parents l’envoyèrent compléter sa formation musicale auprès d’un cousin, Johann Baptist Weiß, qui, pendant près de deux ans, l’initia à la théorie musicale, l’harmonie et l’orgue. Bruckner s’essayait déjà à cette époque à

l’improvisation sur l’orgue. En 1837, son père mourut, et il fut conduit par sa mère à l’abbaye de Saint-Florian. Le jeune garçon passa trois ans dans ce havre de paix, et ces trois années le marquèrent pour la vie de piété et de modestie. Il y reçut principalement une solide formation générale et musicale au sein du chœur de garçons des Sankt Florianer Sängerknaben. Il prépara ensuite le concours d’entrée à l’École normale de Linz. Il y fut admis et en 1841, obtint le diplôme d’instituteur adjoint. En 1843, il fut nommé à un poste près de l’Abbaye de Saint-Florian, et put ainsi approfondir ses connaissances auprès de Hans Schläger pour les chœurs, et de Leopold von Zenetti pour les claviers. En 1845, il fut nommé instituteur titulaire.

Cette nomination obtenue, il devint assistant à l’école paroissiale de Saint-Florian de 1845 à 1855, où il continua à parfaire ses connaissances musicales auprès de Schläger et de Zenetti.

Durant cette période il composa une trentaine d’œuvres destinées aux célébrations liturgiques, notamment deux requiems, quatre messes, dont la Missa solemnis pour l’installation en 1854 du nouvel abbé Friedrich Mayer, deux psaumes, un Magnificat, quatre cantates pour la fête du nom, un Libera me, une vingtaine d’autres motets, ainsi qu’une vingtaine d’œuvres chorales profanes, et quelques compositions pour le piano et l’orgue. En 1851, il remplaça Anton Kattinger en tant qu’organiste titulaire de Saint-Florian.

En 1855, il obtint le diplôme d’instituteur de l’enseignement primaire. Il se rendit à Vienne et présenta à l’organiste renommé Simon Sechter la Missa solemnis qu’il avait composée l’année précédente. Sechter reconnut les qualités de l’œuvre et accepta de prendre Bruckner comme élève. Bruckner réussit cette même année, grâce à une improvisation géniale, le concours d’admission au poste d’organiste à l’ancienne cathédrale de Linz.

Bruckner vécut à Linz de 1855 à 1868, de 1855 à 1861 comme élève de Sechter, auprès de qui il approfondit sa connaissance du contrepoint. Durant cette période il termina la composition du magistral et trop peu connu Psaume 146, initiée plusieurs années auparavant. Hormis celle d’un premier Ave Maria composé en 1856, il ne reprit la composition qu’à la fin de l’année 1860 avec quelques œuvres vocales, dont un deuxième Ave Maria à sept voix et l’offertoire Afferentur regi. En 1861 il réussit brillamment l’examen du Conservatoire de Vienne et obtint le diplôme de Professeur de musique.

De 1861 à 1863 Bruckner poursuivit ses études avec le chef d’orchestre d’opéra Otto Kitzler, qui l’initia à la musique de Richard Wagner. En 1862 il composa la Cantate festive Preiset den Herrn pour la pose de la première pierre du Maria-Empfängnis Dom de Linz. En 1862 Kitzler lui demanda de composer, en guise d’exercice, le Quatuor à cordes, les quatre petites pièces pour orchestre, et l’Ouverture en sol mineur, et, en 1863 le Psaume 112 pour double chœur et orchestre. Durant cette période, Bruckner composa aussi quelques pièces vocales profanes, dont les esquisses du Germanenzug qu’il termina l’année suivante. La révélation du désir de composer de Bruckner intervint en 1863 lorsqu’il assista à une représentation du Tannhäuser de Wagner, qui lui inspira la composition cette même année de sa première symphonie en fa mineur. Kitzler ne la trouva cependant pas très originale.

Il composa ensuite, coup sur coup, les messes en ré mineur (1864) et en mi mineur (1866), la première symphonie en ut mineur (1866), la messe en fa mineur (1868) et la symphonie en ré mineur (1869), qu’il renia ensuite, l’estimant insuffisante. Il nota sur sa page de garde annuliert (annulée) avec le sigle Ø, ce qui la fit ultérieurement appeler Die Nullte, la symphonie numéro zéro.

En octobre 1868, Bruckner sollicita un poste de professeur d’orgue, d’harmonie et de contrepoint au Conservatoire de Vienne, et il y remplaça son ancien professeur Sechter, décédé. Les jeunes Hans Rott et Gustav Mahler, notamment, furent ses élèves. En 1869, Bruckner fut invité en France pour l’inauguration de l’orgue Merklin & Schütze de la basilique Saint-Epvre à Nancy ; il enchanta les constructeurs de l’orgue, qui l’invitèrent à jouer à Notre Dame. Il eut parmi son public des compositeurs tels que Franck, Saint-Saëns, Gounod, qu’il impressionna avec ses fugues improvisées. « Auparavant, on n’avait jamais rien entendu de semblable », affirme l’organiste Émile Lamberg. Deux ans plus tard, il eut l’occasion de se faire entendre à Londres sur l’orgue géant du Royal Albert Hall. En 1872, il termina sa deuxième symphonie en ut mineur, en fait la quatrième qu’il a composée.

Bruckner, alors proche de la cinquantaine, était encore méconnu comme compositeur : à la suite de la dédicace de sa troisième symphonie à Wagner, il dut faire face à l’opposition farouche d’Eduard Hanslick, célèbre critique musical viennois, opposé avec Brahms à l’école wagnérienne. En 1879, il composa un Quintette à cordes , sa seule œuvre de musique de chambre avec le Quatuor à cordes composé en 1862, et le bref Abendklänge pour violon et piano composé en 1866.

Bruckner connut son premier triomphe viennois en 1881 avec la quatrième symphonie « Romantique », sous la direction de Hans Richter. La consécration internationale n’arriva cependant qu’avec la septième symphonie, la seule avec la sixième qu’il n’ait jamais remaniée. Elle a été créée à Leipzig en 1884.

Bruckner, entier postal, Tchéquie.

En 1886, Bruckner connut à nouveau le succès avec le Te Deum que même Hanslick admira. En 1890, il fut reçu par l’Empereur en remerciement de sa dédicace de la huitième symphonie, l’une des plus longues de son répertoire. Malheureusement la santé déclinante du compositeur vint ternir ce début de gloire.

En 1892, Bruckner alla une nouvelle fois à Bayreuth se recueillir sur la tombe de Wagner. Il eut encore l’occasion de se rendre à Berlin en 1894 pour des représentations de ses œuvres, et sa neuvième symphonie demeura inachevée.

Anton Bruckner s’est éteint à Vienne le 11 octobre 1896. Il repose à l’entrée de la basilique de Saint-Florian, sous le grand-orgue. C’est au cours des travaux de terrassement entrepris pour construire la crypte que l’on a découvert six cents crânes provenant, sans doute, d’un champ de bataille de l’époque des Huns. Ainsi, les crânes minutieusement alignés semblent admirer celui que l’on a surnommé le Ménestrel de Dieu.

Certains aspects du langage musical formel de Bruckner sont peut-être à mettre en relation avec la décompensation de sa névrose obsessionnelle survenue en mai 1867 et qui nécessita trois mois de cure (nous dirions aujourd’hui qu’il s’agissait de TOC, consistant en comptomanie : dénombrer les feuilles des arbres, les pavés de la chaussée, les fenêtres des immeubles et les perles des colliers des dames ; jusque dans son grand âge il grimpait au sommet des clochers pour analyser les positions respectives de la croix, du paratonnerre et de la pomme, élément de décoration des églises autrichiennes…). Les procédés de composition de Bruckner poussent à l’extrême la logique mathématique de l’écriture musicale : ainsi il introduit dans la symphonie le trithématisme (au lieu des deux thèmes habituels de la forme sonate), le silence comme moyen d’isoler les thèmes musicaux, si bien que l’agencement des thèmes musicaux d’une symphonie de Bruckner peut être facilement rendu par des tableaux. Cet agencement illustre les propriétés de la relation « R », qui permet de classer tous les éléments de la chaîne parlée chez l’obsessionnel (selon Charles Melman) : réflexivité qui tient au caractère cyclique du thème initial qui vient immanquablement

conclure le mouvement : A–R–A ; antisymétrie : la succession des thèmes se fait A–R–B puis B–R–C, jamais en sens inverse (quelques exceptions ultérieures comme le renversement et le parcours à rebours des thèmes dans le quatrième mouvement de la septième symphonie) ; enfin transitivité : après la succession des thèmes A–R–B et B–R–C survient l’enchaînement A–R–C. Peuvent témoigner également de cette composante obsessionnelle les difficultés de comptage de ses symphonies, le travail de révision incessant permettant d’inventorier dix-sept versions, enfin la difficulté d’achever la neuvième symphonie en laissant en suspens pendant deux ans le dernier mouvement, impossibilité qu’un critique aussi averti qu’Harry Halbreich, attribue à la saturation des possibilités du système mathématique d’écriture musicale élaboré par Bruckner.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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