Ángel Ganivet, écrivain et diplomate.

Ángel Ganivet García, né le 13 décembre 1865 à Grenade (Espagne) et décédé le 29 novembre 1898 (à 32 ans) à Riga (Empire russe), est un écrivain et diplomate espagnol.

Il est considéré, pour son incertitude vitale et pour son angoisse spirituelle, comme un précurseur symbolique de la Génération de 98 : il projette sa lutte intérieure dans sa vision de l’Espagne dans son œuvre Idearium español, où il interprète l’Espagne comme une Vierge douloureuse entourée de la culture positiviste et sceptique du XIXe siècle. Selon lui, la crise de fin de siècle de son pays a été causée par un problème axiologique fondamental : celle de l’aboulie.


Ángel Ganivet naît le 13 décembre 1865 dans une famille d’ouvriers et  artisans de classe moyenne, où son père, Francisco Ganivet Morcillo, ouvrier et amateur de peinture, et sa mère, Angeles García Siles, friande de littérature, possèdent deux moulins dans les environs de Grenade et fabriquent du pain. Alors qu’il n’a que 9 ans, son père meurt d’un cancer le 4 septembre 1875. Il part alors vivre avec son grand-père maternel au Molino de Sagra, qu’il considérera comme son seul vrai foyer. Un an plus tard, Ángel fait une lourde chute et suit une très longue réhabilitation qui le marquera et le fera se réfugier dans la lecture. Il passe toute sa jeunesse à Grenade, dans un environnement modeste mais tranquille.

Après une enfance quelque peu turbulente, il abandonne l’école et travaille comme employé aux écritures pour un notaire. Mais celui-ci remarque un certain talent chez Ganivet et suggère à sa mère de lui faire faire des études supérieures1. Il montre rapidement un grand intérêt pour la littérature et les langues classiques, et fait entre 1880 et 1890 des études de Droit et de philosophie à Grenade et à Madrid et obtient une licence en philosophie et lettres à l’Université de Grenade en 1888, avant de recevoir un Prix Extraordinaire en Philosophie et Lettres la même année. En 1888-89, il déménage à Madrid pour obtenir un doctorat en Lettres et poursuivre la licence en Droit ; il rédige deux thèses : España filosófica y contemporánea (rejetée), puis Importancia de la lengua sánscrita y servicios que su estudio ha prestado a la ciencia del lenguaje en general y a la gramática comparada en particular. Il passe en 1889 un concours d’entrée au corps d’Archivistes, Bibliothécaires et Antiquaires et est sélectionné pour être ensuite destiné à la bibliothèque agricole du Ministère de l’Équipement. Il obtient ses diplômes de doctorat en Lettres à Madrid et de licence en Droit à Grenade en 1890. Lors d’un autre concours d’entrée, celui de professeur de grec ancien de 1891, Ganivet fait la connaissance d’Unamuno ; ce dernier obtient le poste à Salamanque tandis que Ganivet est refusé pour celui de Grenade. Ils deviennent amis et commence alors entre eux une intense relation épistolaire.

Il intègre peu à peu la vie intellectuelle madrilène en se rendant à l’Athénée de Madrid et à des réunions littéraires, où il fait plusieurs rencontres et renforce son amitié avec Unamuno, avec qui il écrit le polémique El porvenir de España.

En février 1892, il rencontre Amelia Roldán, qui deviendra la mère de sa fille, Natalia, et de son fils Angel Tristán.

Ángel Ganivet a besoin d’ailleurs et passe en 1892 un concours pour intégrer le corps consulaire et est sélectionné pour être nommé vice-consul d’Anvers, avant de poursuivre sa carrière consulaire à Helsinki puis à Riga.

Bien qu’installé à Anvers, Ganivet voyage beaucoup et maintient de solides liens avec Grenade, notamment épistolaires. Cette correspondance révèle d’ailleurs le début d’une crise personnelle, qui le voit perdre  progressivement l’amour et la foi, ainsi qu’une activité intellectuelle intense : il lit énormément et apprend plusieurs langues (français, anglais, allemand). Sa vie sociale n’est cependant pas délaissée, avec de nombreuses aventures sentimentales, et surtout avec la création de la Cofradía del Avellano (« La Confrérie du Noisetier », même nom que la source où ont lieu les réunions) entre l’été 1895 et l’été 1897, pour se réunir avec des amis intellectuels locauxà discuter et à maintenir une correspondance épistolaire quand il est à l’étranger, ainsi que pour composer avec eux le Libro de Granada, une série de tableaux de la ville (il cherche avec ses normes urbanistiques à sauver l’harmonie esthétique de Grenade et critique le manque de considération pour le legs historique de la part des Grenadins) qui sera publiée en 1899.

Il commence à écrire au travers de journaux, comme pour son premier article, Un festival literario en Amberes (« Un festival littéraire à Anvers ») dans El Defensor de Granada, le 21 août 189210. L’année suivante, il entame son premier roman, La conquista del reino Maya por el último conquistador Pío Cid, qu’il finira le 20 décembre 1895.

Le 25 décembre 1895, Ángel Ganivet est promu consul à Helsinki mais n’y foule le sol qu’à partir du 30 janvier 1896. Il écrit en Finlande la plupart de son œuvre jusqu’en 1898. Ainsi, Granada la Bella (dont il rédige les essais entre le 14 et le 27 février) et Cartas finlandesas (rédigées entre le 1er octobre et 1897) sont d’abord des articles pour El Defensor de Granada ; il a besoin de presque toute l’année de 1896 pour écrire Idearium español, qu’il publiera l’été 1897 à Grenade. Il écrit également une série d’essais qui sera plus tard publiée sous le nom de Hombres del Norte (terminé en 1898). Il écrit le roman Los trabajos del infatigable creador Pío Cid, qui voit la personnalité du protagoniste et l’importance du dialogue prédominer ainsi que la méthode narrative de sa génération le veut.

Début 1898, à la demande de Ganivet lui-même, le consulat d’Espagne d’Helsinki est fermé. Il reprend donc ses fonctions à Riga, en Lettonie, le 10 août. La crise existentielle déjà aperçue en Belgique refait surface et est amplifiée par son isolement de tout et de tous. Il continue cependant d’écrire des articles pour El Defensor de Granada, d’autres essais ainsi que la correspondance dans ce même journal avec Unamuno sur l’Idearium (entre le 9 et le 15 juin, puis entre le 6 et le 14 septembre), qui sera publié de façon posthume sous le nom de El porvenir de España (1912). En septembre, ses articles des Cartas finlandesas sont publiés à Grenade sous forme de livre, tandis qu’en mai et octobre sont publiés à Madrid les deux tomes de son deuxième roman, Los trabajos del infatigable creador, Pío Cid. Il écrit par ailleurs en novembre El escultor de su alma, qu’il qualifiera lui-même comme « trois autos sacramentales de forme réaliste (…) qui semblent écrits par un croyant. »

Quand Ganivet arrive à Riga, il est déjà gravement malade, atteint de syphilis. Il devient paranoïaque et a des accès de démence, ne s’alimente ni ne dort presque plus, et ce depuis 1896. Son ami le baron Von Brück, consul d’Allemagne, se charge de lui et l’emmène voir un médecin qui lui diagnostique une paralysie progressive et recommande qu’il soit interné dans un hôpital psychiatrique. Mais les papiers sont nombreux et longs à remplir. En attendant, son ex-compagne, Amelia Roldán, de qui Ganivet s’est séparé lui reprochant son infidélité, annonce qu’elle va se réunir avec lui à Riga, accompagnée de son fils. Ganivet lui aurait répondu qu’il se suiciderait avant qu’elle n’arrive.

C’est ainsi que le 29 novembre 1898, il se jette dans le Daugava depuis un bateau à vapeur qu’il emprunte fréquemment, avant d’être repris par des passagers, puis se jette à nouveau et coule lors de la deuxième tentative.

Source : Wikipédia.

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