André Vésale, né Andries Wytinck van Wesel à Bruxelles le 31 décembre 1514 et mort à Zakynthos le 15 octobre 1564, est un anatomiste et médecin brabançon, considéré par de nombreux historiens des sciences comme le plus grand anatomiste de la Renaissance, voire le plus grand de l’histoire de la médecine. Ses travaux, outre qu’ils ont fait entrer l’anatomie dans la modernité, mettront fin aux dogmes du galénisme qui bloquaient l’évolution scientifique depuis plus de mille ans aussi bien en Europe que dans le monde islamique. Vésale ne se détache pas entièrement de l’œuvre de Galien, pour lequel il a une très grande admiration. Le fait de le critiquer, de souligner ses erreurs n’est pas un signe de mépris comme dans toute démarche scientifique, c’est un processus normal qui s’appelle l’objectivité. Il reprend d’ailleurs un certain nombre d’éléments de l’œuvre de Galien.
« André Vésale » est la forme francisée de son nom latin Andreas Vesalius. À la naissance, il s’appelle Andries Wytinck van Wesel, en français André Wytinck de Wesel, ville rhénane d’origine de son grand-père. Il est l’auteur du De humani corporis fabrica (Sur le fonctionnement du corps humain), l’un des livres les plus novateurs sur l’anatomie humaine. Il est aussi un grand humaniste de son époque.
Il naît à Bruxelles (alors dans le duché de Brabant) au sein d’une famille de médecins, dans une maison située juste en face de la colline du Galgenberg (en néerlandais Mont de la potence), ce qui l’amène à voir durant son enfance de nombreux cadavres et squelettes nettoyés par les oiseaux. Une commémoration en latin est d’ailleurs gravée au niveau du site approximatif de sa demeure natale, sur la façade de l’actuel Athénée Robert Catteau. La légende raconte qu’il rapporte des ossements chez lui : sa curiosité a suscité sa vocation.
Son arrière-grand-père a été le médecin de Charles le Téméraire qui tenait sa cour à Bruxelles dans le palais des ducs de Brabant dont il avait hérité les titres sur diverses provinces des grands Pays-Bas. Son grand-père, Everard van Wesel, a été le médecin particulier de Maximilien Ier du Saint-Empire, alors que son père, Anders van Wesel, a servi Maximilien puis sa fille Marguerite d’Autriche comme apothicaire et a été, plus tard, le valet de chambre de son successeur Charles Quint. Andries a encouragé son fils à poursuivre la tradition familiale, et l’a inscrit chez les frères de la vie commune à Bruxelles pour apprendre le grec et le latin selon la tradition de l’époque.
En 1528, il s’inscrit au Paedagogium Castrense, une des quatre pédagogies de l’Université de Louvain, pour apprendre les arts puis la médecine en 1530 ; sous l’influence de Nicolaus Florenas, médecin ami de la famille, quand son père est nommé valet de chambre du roi en 1532, il décide de poursuivre ses études à l’université de Paris, ville où il s’installe en 1533 chez l’habitant rue de la Grange aux Belles, donnant directement sur le gibet de Montfaucon.
Il a 20 ans et maîtrise les trois langues qui véhiculent les connaissances médicales : latin, grec et arabe. Il y étudie les théories de Galien sous la direction de Jean Fernel, de Gonthier d’Andernach et du grand anatomiste Jacques Dubois, médecin français très réputé à l’époque, fervent partisan du galénisme. De fait, Jacobus Sylvius deviendra un des plus farouches détracteurs des œuvres de Vésale. À l’époque, les cours universitaires d’anatomie consistent en une lecture des textes de Galien tandis que dans des locaux qui ne portaient pas encore le nom de théâtres d’anatomie permanents, un barbier autopsie le plus souvent un chien, et deux fois pendant la saison hivernale un corps humain de pendu. C’est à cette époque que naît l’intérêt de Vésale pour l’anatomie : il demande les corps des pendus au gibet de Montfaucon et on le voit souvent examiner des os déterrés au cimetière des Innocents. Il étudie ces corps et apprend à les disséquer. À la demande de ses condisciples, il obtient l’autorisation de faire une dissection publique. À cette époque, il a pour condisciple Michel Servet et Guillaume Rondelet qui poursuivront leurs études à la faculté de Montpellier.
La guerre entre la France et le Saint-Empire oblige Vésale à quitter Paris au bout de trois ans. Rentré à Louvain, où il poursuit ses études et obtient le baccalauréat en 1537, il y publie son premier livre, Paraphrasis in nonum librum Rhazae medici arabis clarissimi ad regem Almansorum de affectuum singularum corporis partium curatione, une paraphrase du neuvième livre de Rhazes. Il reste peu de temps à Louvain, peut-être à cause d’un différend avec un professeur. Puis, après un bref séjour à Venise, il se rend le 15 novembre 1537 à Padoue (Universitas aristarum), dont l’université réputée dans toute l’Europe jouit d’une grande liberté de recherche, car Padoue, ville de la république de Venise, ne craint pas l’Inquisition. Il y passe les épreuves de doctorat du 3 au 5 décembre 1537, est nommé par le Sénat de Venise à un poste de lecteur en chirurgie (explicator chirurgiae) et enseigne l’anatomie du corps humain. Aucune expérience n’avait été réalisée pour actualiser les travaux de Galien, considérés comme des références irréfutables. Vésale, pour sa part, innove en utilisant la dissection comme principal outil d’enseignement, réalisant le travail lui-même, tandis que ses étudiants sont regroupés autour de la table. L’observation directe est devenue la seule source fiable de connaissance et cette révolution entraîne une rupture considérable avec la pratique médiévale.
Il conserve pour ses étudiants des dessins méticuleux réalisés au cours de son travail sous forme de six grandes planches anatomiques légendées et les publie en 1538 sous le titre de Tabulae Anatomicae sex. Certaines de ces planches furent largement copiées dans l’Empire germanique et en France. La même année, il publie une version actualisée du manuel anatomique de Galien, Institutiones Anatomicae. En 1539, il publie une Lettre sur la Saignée, il s’agit alors d’un traitement largement prescrit pour presque toutes les maladies, mais le choix du point de prélèvement fait débat. La procédure grecque classique, préconisée par Galien, consiste à faire couler le sang d’un point situé près de la partie du corps atteinte par la maladie. Toutefois, la pratique musulmane au Moyen Âge consiste à retirer une plus petite quantité de sang à partir d’un point éloigné. Vésale, s’opposant à ses confrères de l’université de Bologne, défend la méthode de Galien en se fondant sur ses propres observations anatomiques.
En 1539, il obtient du juge Mercantonio qu’on lui cède des cadavres de condamnés pour les dissections publiques. Il réalise lui-même un grand nombre de schémas anatomiques détaillés, et fait dessiner par des artistes des planches anatomiques de grande précision et de bien meilleure qualité que celles produites auparavant.
Dès lors, Vésale constate rapidement des erreurs dans les descriptions de Galien et comprend qu’elles s’appliquent au singe et non à l’homme. Du fait que la dissection des corps humains était interdite dans la Rome antique, Galien avait disséqué à leur place des singes magots et avait transféré le modèle animal à l’homme. Vésale entreprend la rédaction d’un traité d’anatomie destiné à corriger plus de deux cents erreurs de Galien. En janvier 1540, il est invité par les étudiants de Bologne à venir illustrer par la dissection le cours d’un de leurs professeurs, Matteo Corti. En privilégiant la vue et le toucher, Vésale met en place de nouvelles méthodes pour aborder la connaissance du corps humain. Il peut ainsi réfuter de nombreuses erreurs anatomiques dues à Galien ou à de mauvaises traductions de Galien ; par exemple, il décrit pour la première fois la veine azygos, prouve que la mandibule chez l’homme est composée d’un seul os, et non pas de deux, que le foie humain n’est pas constitué de quatre ou cinq lobes, comme le prétendait Galien.
En 1543, Vésale procède à une dissection publique du corps de Karrer Jakob von Gebweiler, un meurtrier célèbre de la ville de Bâle (Suisse). Avec l’aide du chirurgien Franz Jeckelmann, il rassemble les os et, enfin, fait don du squelette à l’université de Bâle. Cette préparation (« Le squelette de Bâle ») est la seule préparation de Vésale concernant un squelette encore préservée de nos jours. Elle est toujours exposée au musée anatomique de l’université de Bâle.
Il meurt le 15 octobre 1564 dans l’île de Zakynthos en Grèce, au retour d’un pèlerinage en Terre sainte.
Voir aussi cette vidéo :
Sources : Wikipédia, YouTube.