André Siegfried, sociologue, géographe et historien.

André Siegfried, né au Havre le 21 avril 1875 et mort à Paris le 28 mars 1959, est un sociologue, historien et géographe français, pionnier de la sociologie électorale.

André Siegfried fut élève au lycée Condorcet. D’abord tenté par la politique, à l’instar de son père Jules Siegfried qui fut maire du Havre, député de la Seine-Inférieure et ministre du Commerce, il y renonça après plusieurs échecs, dont quatre aux élections législatives (1902, 1903, 1906 et 1910).

Libre-penseur et protestant au moment où la loi Combes interdit tout enseignement aux membres d’une congrégation (1904) et où la loi de la séparation des Églises et de l’État (1905) est votée, il rédige un essai sur la société canadienne dans laquelle il dénonce les écoles confessionnelles ainsi que l’influence religieuse ambiante. D’abord critiqué par le théologien Dominique-Ceslas Gonthier, son ouvrage est encore aujourd’hui perçu de manières diverses, certains le jugeant trop critique tandis que d’autres en font un reflet fidèle du passé religieux du Canada.

André Siegfried, carte maximum, Le Havre, 15/11/1975.

Engagé en politique aux côtés des radicaux indépendants et des républicains de gauche, André Siegfried se présente en 1902 dans les Basses-Alpes, dans la circonscription de Castellane, dont le député sortant est le progressiste antidreyfusard Boni de Castellane. Battu par ce dernier, il l’accuse de diffamation et obtient l’annulation de l’élection le 7 novembre suivant. Cependant, à l’élection partielle du 25 janvier 1903, Siegfried est à nouveau battu, avec plus de 500 voix d’écart.

Lors des élections législatives de 1906, il se présente dans la 2e circonscription du Havre contre le député sortant progressiste Louis Brindeau, qui le bat dès le premier tour avec 9 194 voix contre 7 696.

En décembre 1909, il brigue un poste de conseiller général dans le 4e canton du Havre. Arrivé en seconde position au premier tour derrière le maire radical-socialiste de Graville-Sainte-Honorine, le docteur Valentino, il est battu au second tour.

Le 24 avril 1910, il tente une dernière fois sa chance dans la 2e circonscription du Havre. Arrivé en deuxième position (avec 5 715 voix), devant Valentino (4 255 voix) mais loin derrière Brindeau (8 758 voix), il est battu au second tour, avec 7 687 voix (contre 10 210 à Brindeau).

Il est à la fois géographe, sociologue, historien, économiste et écrivain. Il enseigne à partir de 1911 à l’École libre des sciences politiques. Proche du sociologue Gustave Le Bon, il publie en 1913 son Tableau politique de la France de l’Ouest sous la Troisième République, ouvrage fondateur de la sociologie électorale7 dans lequel il insiste notamment sur l’influence de la géologie sur le vote des habitants d’une quinzaine de départements de l’Ouest de la France durant les quarante premières années de la Troisième République.

André Siegfried, essais de couleurs.

Dans cet ouvrage, il développa notamment un lien de corrélation entre la nature des sols et les préférences électorales des habitants. Selon ses observations les populations vivants sur des sols granitiques ont tendances à voter pour les partis conservateurs. À l’inverse, les populations habitants sur des sols de types calcaires ont tendances à se tourner vers les partis plus progressistes. André Siegfred explique cette corrélation de la manière suivante : l’accès à l’eau sur les sols granitiques étaient plus facile, ce qui permettait une exploitation plus importante des terres par de grands propriétaires. Les populations vivaient ainsi plus éloignées les unes des autres, l’un de leur seul lieu de regroupement était l’église. De ce fait, les populations des sols granitiques étaient sous l’influence, très puissante pendant la Troisième république, des propriétaires terriens et des prêtres qui favorisaient les partis conservateurs. Du côté des sols calcaires, les points d’eau étaient moins nombreux, les populations, souvent pauvres, vivaient ainsi très regroupées et pouvaient développer leur idée dans d’autres lieux que l’église (marché, taverne, …). Ainsi ces populations se tournaient majoritairement vers les partis progressistes de l’époque.

Il fut interprète pendant la Première Guerre mondiale.

Très attaché à sa ville natale, il sera le premier président d’honneur de l’Institut havrais de sociologie économique et de psychologie des peuples (fondé en 1937).

En 1932, il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques. En 1933, il obtient la chaire de géographie économique et politique au Collège de France. À partir de 1934 et jusqu’à sa mort, il collaborera de façon régulière au Figaro. Il devient Grand officier de la Légion d’honneur. Deux mois après la Libération de Paris, le 12 octobre 1944, André Siegfried est élu à l’Académie française, en même temps que Louis de Broglie et Louis Pasteur Vallery-Radot, avec 13 voix au fauteuil de Gabriel Hanotaux. Il s’agit de la première élection depuis l’invasion allemande. L’Académie, dont une douzaine de membres décédés n’ont pas été remplacés depuis quatre ans, et dont plusieurs autres membres vivent en exil ou sont emprisonnés, ne peut réunir ce jour-là que dix-sept votants, soit moins que le quorum exigé. Ces trois élections sont malgré tout considérées comme valables et les trois nouveaux académiciens pourront même prendre part aux élections suivantes avant d’avoir été reçus en séance solennelle. André Siegfried est reçu le 21 juin 1945 par le duc de La Force.

Il a écrit régulièrement dans la revue du diplomate Montguerre, l’Échauguette.

Par ailleurs, il devient le premier président de la Fondation nationale des sciences politiques, en 1945. On lui doit de nombreuses études sur les pays anglo-saxons, la France et la sociologie électorale.

En 1954, il fonde l’Institut des sciences et techniques humaines (Quai de Javel), classe préparatoire aux grandes écoles.

Source : Wikipédia.