Ambroise Paré, chirurgien et anatomiste français

La figure d’Ambroise Paré est une de celles qui illustre le mieux comment étaient les grands praticiens de la Renaissance. Il est appelé le père de la chirurgie moderne. Il sera le chirurgien des princes et des rois, de Henri II et de ses descendants : François II, Charles IX et Henri III.

Sa devise était : ” Labor improbus omnia vincit ”
(“Un travail acharné vient à bout de tout”)

Beaucoup de choses avaient changé depuis l’ordonnance de Philippe le Bel, parue en 1311, interdisant à quiconque d’exercer la chirurgie “s’ils n’ont été au préalable diligemment examinés et approuvés par les chirurgiens-jurés demeurant à Paris.

Ambroise Paré sortira du nombre par ses qualités exceptionnelles mais non sans avoir des débuts difficiles qui ne le destinaient apparemment pas à connaître la renommée qu’il a aujourd’hui.

Ambroise Paré est né sous Louis XII, au cours de l’hiver 1509-1510 (probablement le 7 décembre 1509), à Bourg-Hersent , une bourgade près de Laval en Mayenne, dans une dépendance de la maison seigneuriale du comte de Laval, d’un père modeste artisan coffretier.

Il est le quatrième enfant de la fratrie. Il fait son apprentissage sous François Ier (cousin de Louis XII) à l’école du village qui ne lui apprend rien, non plus que son précepteur, un chapelain nommé Orsoy qui remplacera les leçons de latin par les travaux plus humbles de la campagne. Délaissant ses études, le jeune Ambroise prend une place d’apprenti barbier chez le chirurgien-barbier de Vitré Jean Vialot. Là, il manie le rasoir et se familiarise avec la saignée et panse les ulcères, les clous et les anthrax. Ne voulant point en rester là, il s’instruit seul en feuilletant les premières traductions de Galien et de Jean de Vigo.

A la fin de ses études, il s’engage pendant plusieurs campagnes:
– La campagne du Piémont est engagée par François Ier pour ravitailler Turin et reprendre les villes et châteaux qu’occupait l’armée de Charles-Quint- En 1536 Paré est chirurgien militaire à l’armée d’Italie au service du duc de Montejean, colonel général d’infanterie.
– En octobre 1537 il reçoit le baptême du feu à la bataille du Pas de Suse (Piémont).

C’est à Turin qu’il se révèle comme un innovateur courageux dans le traitement moins inhumain de cautérisation des plaies par armes à feu : il est forcé, par manque d’huile bouillante, d’appliquer sur les plaies un onguent “digestif” fait d’un mélange de jaunes d’oeufs, d’huile de rosat et de térébenthine. C’est ainsi que le hasard va forcer un jeune barbier de 27 ans de remettre en cause, des siècles de brutale et inefficace thérapeutique. Dès lors, il jure “de ne jamais plus brûler aussi cruellement les pauvres blessés“. Pendant son séjour en Piémont qui va durer un an, il se multiplie car ses méthodes “douces” ont évidemment séduit officiers et soldats, et il est certainement l’homme le plus occupé de la province. Amputations, trépanations, luxations (il pratique alors la première désarticulation du coude), plaies diverses, il se taille une réputation de virtuose, étonne ses confrères “vu son bas âge”, et se perfectionne par la multiplicité des cas traités.

Carte maximum Ambroise Paré, du 12/02/1944

A l’automne 1538, Monsieur de Montejan, son protecteur, meurt à Turin, Paré revient à Paris.

Bien qu’ignorant toujours le latin, à la faveur d’un jury s’ingéniant à l’aider et ne faisant pas cas de son langage “assez barbare et corrompu“, Paré, avec l’appui du roi (“in favorem Regis“), reçoit le bonnet tant convoité de chirurgien-juré le 8 décembre 1554, (il est alors maître au Collège de Saint-Cosme). Le 12 août 1557, Ambroise est appelé pour soigner les blessés de la défaite de Saint Quentin (défaite du connétable Anne de Montmorency.

Après les princes, les rois… Recommandé par Isabeau d’Albret (1512-1556) à son frère Henri II d’Albret roi de Navarre (1502-1555), maître Ambroise Paré va devenir successivement :
– en 1559, chirurgien ordinaire de Henri II (1519-1559) fils de François Ier,
– en 1559, premier chirurgien de François II (1544-1560) fils aîné de Henri II,
– en 1561, chirurgien de Charles IX (1550-1574) troisième fils de Henri II
– en 1575, chirurgien de Henri III (1551-1589) quatrième fils de Henri II
– avant de s’éteindre un an après l’avènement de Henri IV.

C’est entre Charles IX et Paré qu’aura lieu le légendaire dialogue:
– J’espère bien que tu vas mieux soigner les rois que les pauvres?
– Non Sire, c’est impossible.
– Et pourquoi?
– Parce que je les soigne comme des rois.

Arrivé vers la fin de sa vie, c’est le temps des méditations après les querelles. Une phrase d’Henry de Mondeville lui vient alors: “Rien de plus certain que la mort et rien de plus incertain que son heure.”

Il rend son dernier souffle le 20 décembre 1590, ses funérailles grandioses seront célébrées en l’église Saint-André-des-Arts de Paris où il est inhumé. A sa mort Paré laisse outre sa seconde femme qui lui survivra jusqu’en 1600, trois enfants vivants, trois filles et aucune postérité mâle.

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