Alberto Sordi, acteur réalisateur et scénariste.

Alberto Sordi, né le 15 juin 1920 à Rome et mort le 24 février 2003 dans la même ville, est un acteur, réalisateur et scénariste italien.

Avec Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Nino Manfredi et Vittorio Gassman, il fut l’un des piliers de la « comédie à l’italienne » et est aussi l’archétype du Romain dans le cinéma italien.


Quatrième fils de Pietro Sordi, professeur de musique et membre de l’orchestre de l’Opéra de Rome (qui meurt en 1941) et de Maria Righetti, institutrice, il naît dans le quartier populaire du Trastevere à Rome. Dès l’école élémentaire, il commence à improviser pour ses compagnons de classe des interprétations avec un théâtre de marionnettes. Il chante aussi comme soprano dans la maîtrise de la Chapelle Sixtine.

En 1936 il abandonne sa formation de comptable (qu’il achèvera plus tard en candidat libre pour donner satisfaction à sa mère) et se rend à Milan pour étudier la récitation à l’Accademia dei Filodrammatici ; il en est expulsé après quelques mois seulement, à cause de son accent romain très prononcé.

Sordi, carte maximum, Italie, 2010.

De retour dans la capitale, il trouve en 1937 un travail comme figurant à Cinecittà et gagne le concours organisé par la Metro-Goldwyn-Mayer pour doubler la voix de Oliver Hardy (tandis que Mauro Zambuto prêtait sa voix à Stan Laurel). Il travaille comme comédien de doublage jusqu’en 1951 donnant sa voix entre autres à Bruce Bennett dans Le Trésor de la Sierra Madre et dans Les Passagers de la nuit, à Anthony Quinn dans Buffalo Bill, à John Ireland dans La Rivière rouge et dans Un gangster pas comme les autres, à Robert Mitchum dans La Vallée de la peur, à Pedro Armendáriz dans Le Massacre de Fort Apache. Il prête aussi sa voix à des acteurs italiens comme Franco Fabrizi dans Chronique d’un amour de Michelangelo Antonioni et même Marcello Mastroianni dans Dimanche d’août de Luciano Emmer. Sa voix est aussi très reconnaissable dans le chef-d’œuvre de Vittorio De Sica Le Voleur de bicyclette.

Après une tentative infructueuse en compagnie d’Aldo Fabrizi entre 1936 et 1937 dans le théâtre léger, il débute dans le music-hall comme boy dans la compagnie de Guido Riccioli et de Nanda Primavera (mariés dans la vie), avec le spectacle Ma in campagna è un’altra… cosa (1938). Suivent ensuite Teatro della caricatura (1942), Ritorna Za-Bum (1943) écrit par Marcello Marchesi et dirigé par Mario Mattoli, Un Mondo di armonie (1944), Imputati… Alziamoci (1945) de Michele Galdieri, Soffia so… (1946) de Garinei et Giovannini, E lui dice… (1947) de Oreste Biancoli et enfin Gran baraonda (1949) de Garinei et Giovannini, sa dernière apparition sur scène aux côtés de Wanda Osiris, qu’il a l’occasion de diriger en 1973 dans un passage important du film Polvere di stelle.

C’est à la radio, juste après guerre, qu’il commence à avoir un grand succès personnel avec les émissions Rouge et noir (Rosso e nero, 1947), Oplà (1947) et Alberto Sordi vous parle (Vi parla Alberto Sordi, 1948) où il crée des personnages destinés à une grande popularité : Monsieur dit (Signor Dice), Le Comte clair (Conte claro) et Mario Pio. Il réutilise ces derniers par la suite en 1968 et 1969 dans l’émission radiophonique Grande Variété (Gran varietà). Alighiero Noschese aussi les reprend en 1970 pour l’émission satirique à succès Double Couple (Doppia coppia).

Au cinéma, durant une dizaine d’années, il interprète des rôles minuscules ou insignifiants dans une vingtaine de films, mis à part le rôle dans Les Trois Aiglons (I Tre aquilotti, 1942) de Mario Mattoli, où il figure parmi les protagonistes. Il se fait remarquer en 1951 dans une œuvre mise en scène par Vittorio De Sica et Cesare Zavattini, Mamma mia che impressione!. Dans ce film, bien que transposant dans le cinéma le modèle de récitation très verbale utilisé à la radio, il crée un personnage très original (Il  Compagnuccio della parrocchiettà ou littéralement L’Ami de la petite paroisse) qu’il reproposera ensuite dans d’autres œuvres mineures.

sordi, carte maximum, Italie, 2020.

De 1952 à 1955, Sordi explose sur le grand écran. D’abord avec deux films réalisés par Federico Fellini, Le Cheik blanc (Lo Sceicco bianco) et Les Inutiles (Les Vitelloni), puis avec ceux réalisés par Steno (Les Gaietés de la Correctionnelle, Un Giorno in pretura, Un Americano a Roma et Piccola posta) où il crée le type d’homme lâche, profiteur, indolent et tire-au-flanc qui l’accompagne tout au long des années 1950 jusqu’au film La Grande Guerre (La Grande Guerra, 1959) de Mario Monicelli dans lequel il incarne un soldat fainéant et planqué contraint de mourir en héros.

Avec l’arrivée de la comédie à l’italienne, il a donné vie à une multitude de personnages représentant l’« Italien moyen », presque tous négatifs, pas très moraux, mais correspondant à une réalité évidente. Il les a dépeints avec une méchanceté entachée parfois d’une touche d’autosatisfaction, mais toujours pardonnée grâce à sa diction magistrale sans égale. À de nombreuses occasions, il a collaboré aussi au sujet et à la mise en scène des films dans lesquels il a joué (plus de 150) et des 19 films qu’il a dirigés lui-même.

En un demi-siècle de carrière, de la période de la guerre jusqu’à nos jours, Sordi a réussi à fournir une fidèle image de l’histoire des valeurs et des coutumes de l’Italien typique, observé à travers ses bassesses, mais à la fin racheté par son grand cœur et sa capacité à rêver les yeux grand ouverts.

Parmi ses plus beaux films : Bravissimo (1955) de Luigi Filippo D’Amico, Venise, la lune et toi (Venezia, la luna e tu, 1958) de Dino Risi, Le Veuf (Il vedovo, 1959) de Dino Risi, Il moralista (1959) de Giorgio Bianchi, le touchant La Grande Guerre (La Grande Guerra, 1959) de Mario Monicelli, La Grande Pagaille (Tutti a casa 1960) de Luigi Comencini, Il vigile (1960) de Luigi Zampa, Une Vie difficile (Una vita difficile, 1961) de Dino Risi, Il Boom (1963) de Vittorio De Sica, Fumo di Londra (1966), qui le voit pour la première fois aussi derrière la caméra, Il Medico della mutua (1968) de Luigi Zampa, Detenuto in attesa di giudizio (1971) de Nanni Loy, Poussière d’étoiles (Polvere di stelle, 1973), dirigé par lui-même, Un Bourgeois tout petit petit (Un Borghese piccolo piccolo, 1977) de Mario Monicelli, Le Marquis s’amuse (Il Marchese del Grillo, 1981) de Mario Monicelli, Il Tassinaro (1983) et Nestore, l’ultima corsa (1993), tous les deux sous sa direction. Il faut aussi retenir la collaboration artistique avec le compositeur Piero Piccioni, qui a signé la musique de ses films les plus célèbres.

Détenteur de cinq Rubans d’argent et de sept David di Donatello, il gagne en 1972 le prestigieux Ours d’or au Festival de Berlin et obtient en 1995 le Lion d’or pour sa carrière au Festival de Venise.

Vers la fin des années 1990, il se retire de la scène, après le peu de succès de son dernier film Incontri proibiti, aux côtés de Valeria Marini. Mais il fait des apparitions dans de nombreuses émissions de télévision, dans lesquelles il fait preuve de son grand sarcasme et de sa bonhomie. Le jour de son quatre-vingtième anniversaire, le maire de Rome, Francesco Rutelli, lui cède l’« écharpe » de maire de cette ville dont il a été le fils bien-aimé, et dont il a raillé gaillardement les vices et les fausses vertus.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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