Alberto Santos-Dumont, pionnier de l’aviation.

Alberto Santos-Dumont, né le 20 juillet 1873 à Palmira — aujourd’hui ville de Santos Dumont — Brésil et mort le 23 juillet 1932 à Guarujá dans ce même pays, est un pionnier brésilien de l’aviation à qui de nombreux experts attribuent le premier vol réussi d’un avion.

Santos-Dumont passe la majeure partie de sa vie en France, où il construit de nombreux ballons qu’il pilote ; il conçoit et pilote également un des premiers dirigeables. Attiré par le « plus lourd que l’air », il effectue les premiers vols de son avion 14 Bis, à Bagatelle près de Paris, ce qui lui permet d’établir le premier vol public d’un avion le 23 octobre 1906. Il est le premier à posséder les trois brevets de pilote : ballon, dirigeable et aéroplane.

Alberto Santos-Dumont suivit des études à São Paulo et à la prestigieuse école des mines d’Ouro Preto, fondée par le minéralogiste français Claude-Henri Gorceix. À la suite d’un accident de cheval, son père devint paraplégique et vendit les plantations. Sa famille décida d’émigrer à Paris en 1891. En 1896, Alberto retourna au Brésil, où vivait sa mère, mais en 1897 il revint vivre à Paris.

En 1898, Alberto Santos-Dumont participe à une course de ballons avec un ballon de 1 800 m3 nommé l’Amérique. Durant cette course, il effectue un vol de 22 heures, de Paris jusque dans la Creuse.

Cette même année, il commande à une fabrique de dirigeables fondée par deux ingénieurs français, Henri Lachambre et Alexis Machuron, le plus petit ballon du monde, qu’il appela le Brazil. Le diamètre de ce ballon était de 6 mètres, ce qui correspond à une sphère dont le volume et la surface sont numériquement égaux : 113 mètres cubes et 113 mètres carrés. Construite en soie du Japon, l’enveloppe ne pesait que 3,5 kg et 14 kg après avoir été vernie en trois couches[réf. nécessaire]. Le filet en coton pesait 1 800 g. La nacelle, petite mais suffisamment spacieuse, pesait, elle, 6 kg. Un guiderope de 8 kg et un grappin de 3 kg complétaient l’équipement. Son poids total était de 27,5 kg sans ses engins d’arrêt. En raison du poids réduit de l’aéronaute, 50 kg, le Brazil gonflé à l’hydrogène réussit à emporter 30 kg de lest. L’inauguration eut lieu le 4 juillet 1898. L’ascension se prolongea pendant cinq heures, durée impressionnante pour un si petit ballon, et se termina près de Pithiviers.

Santos-Dumont, carte maximum, Le Bourget, 26/05/1973.

Entre 1898 et 1907, Santos-Dumont va lancer la fabrication d’une douzaine de dirigeables.
En 1898 il fait construire un premier dirigeable, équipé d’un moteur De Dion-Bouton, par le fabricant français d’aérostats Henri Lachambre, qui fabriquera par la suite tous ses dirigeables.

En 1900, le mécène Henry Deutsch de la Meurthe crée une compétition, dotée de 100 000 francs, réservée aux seuls dirigeables et qui consiste à couvrir en moins de 30 minutes la distance entre Saint-Cloud et la Tour Eiffel. Santos-Dumont y participe avec son dirigeable no 5. À sa première tentative, le 8 août 1901, il est victime d’un accident : alors qu’il a déjà viré la tour Eiffel, à la suite d’un dégonflement incontrôlable, son dirigeable heurte un immeuble au quai de Passy et il se retrouve suspendu au 5e étage ! Il réussit finalement le 19 octobre 19019 mais la question de savoir s’il a, à quelques secondes près, fait l’aller et retour dans le temps imposé agitera l’Aéro-club de France et les médias jusqu’en novembre. Le prix lui est finalement attribué, mais Santos-Dumont démissionne de l’Aéro-club en constatant que sa cause n’a été sauvée que par le vote des membres de l’Académie des sciences, qui n’en font pas partie. La réconciliation a lieu lors du dîner-conférence du 4 décembre 1902, présidé par le marquis Jules-Albert de Dion ; les ballons automobiles de Santos-Dumont sont à l’honneur lors de la séance de lanterne magique offerte par Léon Gaumont, à l’issue de laquelle, sur la proposition d’Étienne Giraud, Santos-Dumont est réintégré dans l’Aéro-club par acclamations.

En 1904, Santos-Dumont publie son livre Dans l’air chez l’éditeur Fasquelle, qui n’est tiré qu’à cinquante exemplaires numérotés. Il se passionne également pour les « machines volantes » de Clément Ader, d’Otto Lilienthal et des frères Wright.

Il a appelé son aéroplane « 14-bis » parce que, pour ses premiers essais de sustentation, cette machine était suspendue sous un dirigeable immatriculé « 14 ». Le 23 octobre 1906, dans la plaine de jeux de Bagatelle à côté du parc de Bagatelle, Santos-Dumont parvient à maintenir son 14-bis, un biplan à moteur Antoinette d’une puissance de 50 ch au-dessus du sol sur une distance d’une soixantaine de mètres « au-dessus de l’herbe ». L’histoire retient cet événement comme le premier vol public et contrôle officiellement d’un appareil à moteur.

Santos-Dumont, essais de couleurs.

Conforté par cet exploit, le 12 novembre 1906, il franchit en vol une distance de 220 mètres en 21 secondes, à une hauteur atteignant deux mètres et à la vitesse – considérable pour l’époque – de 41,3 km/h ; cette prouesse figure sur les tablettes de la toute nouvelle Fédération aéronautique internationale comme le premier record du monde d’aviation. Il remporte ainsi le prix de l’Aéro-Club de France qui s’élève à 1 500 francs (prix remis à l’aviateur réalisant un vol en ligne droite d’au moins 100 mètres). S’ensuivit une controverse – toujours d’actualité – Santos-Dumont revendiquant être le premier à avoir quitté le sol à bord d’un aéronef « plus lourd que l’air » motorisé (en l’occurrence par un moteur à combustion interne), alors qu’Ader, sous contrat avec l’armée française, avait peut-être décollé en 1890 sur un aéronef propulsé par un moteur à vapeur.

Le 22 novembre 1906, Santos-Dumont remporte le prix d’aviation créé conjointement par Deutsch de la Meurthe et Ernest Archdeacon.

Fin 1907, l’aviation a pris son essor avec les vols des Wright, Farman et Blériot; Santos-Dumont abandonne le dirigeable. Espérant disputer à Farman le Grand Prix d’aviation, il entreprend la construction de la « Demoiselle », petit monoplace à aile haute ultra léger (56 kg à vide). Achevée fin 1908, la Demoiselle type 19 a été modifiée et améliorée au fil des versions successives, 20 à 22. De petite dimensions, simple et léger, préfigurant nos ULM actuels, l’appareil est une des premières machines volantes construites en petite série, avec le Flyer des Wright. Ces appareils étaient d’une incroyable maniabilité, si bien qu’ils devinrent les vedettes des exhibitions aériennes que le public réclamait.

De futures grandes figures de l’aviation réalisent leur premier vol aux commandes de la demoiselle : Roland Garros, Audemars et Brindejonc des Moulinais firent leurs débuts sur des « Demoiselle » ; on les appelait alors les « demoisellistes ».
Le succès de ces réalisations fit grandir sa popularité auprès du public français mais aussi auprès des vedettes des meetings aériens. Son aura augmenta d’autant plus qu’il offrait gratuitement les plans de ses avions à ceux qui souhaitaient les construire. Les plans de la Demoiselle n°20 ont été publiés dans la revue américaine Popular Mechanics en juin 1910.

Santos-Dumont fait son dernier vol comme pilote sur une Demoiselle le 4 janvier 1910. Le vol se termine par un accident quand un hauban d’aile casse alors qu’il volait à une altitude d’environ 25 m, ce qui provoque le détachement de l’aile et sa chute dans un arbre. Il en réchappe avec juste quelques contusions – tandis que ce même jour le pionnier Léon Delagrange périt en pilotant un Blériot.

En mars 1910 Santos-Dumont annonce qu’il abandonne l’aviation, et son intention de vendre son avion et son atelier après avoir licencié son personnel. Reclus chez lui, il souffrait, disait-on, d’une dépression nerveuse causée par le surmenage. Il est probable que se manifestaient les premiers signes de la sclérose en plaques dont il souffrit gravement plus tard.

En 1911, il déménage dans la petite station balnéaire normande de Benerville (dénommée Benerville-sur-Mer depuis quelques années), située près de Deauville, où il s’adonne à l’astronomie. Après le déclenchement de la Grande Guerre en 1914, des voisins, ignorant sa renommée et ses exploits passés à Paris quelques années plus tôt, l’accusent d’être un espion allemand suivant l’activité navale française, induits en cela par son télescope de fabrication allemande et son accent étranger. Cela conduit la gendarmerie à perquisitionner à son domicile de façon brutale. Bouleversé par cette accusation, et déprimé par sa maladie, Santos-Dumont brûle tous ses papiers, plans et notes, vend sa maison et retourne au Brésil. Pour cette raison, il reste aujourd’hui peu d’informations directes concernant ses conceptions.

En 1928, atteint d’une maladie auto-immune, la sclérose en plaques (SEP), l’aviateur retourne dans son pays natal où il est acclamé comme un héros, et participe encore à quelques meetings. Mais en 1932, la vision des avions bombardant la population lors de la révolution constitutionnaliste (pt) le démoralise. Il finit par se suicider dans une chambre du Grand hôtel de Guarujá le 23 juillet 1932.

C’est l’ultime appareil conçu et piloté par Santos-Dumont avant de cesser toute activité dans l’aéronautique.

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Sources : Wikipédia, YouTube.