Albert Edelfelt, peintre.

Albert Edelfelt né le 21 juillet 1854 à Porvoo où il est mort le 18 août 1905 est un peintre finlandais.

Il est l’un des premiers artistes finlandais à étudier à Paris, où il entre dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme en 1874. Sous l’influence de son maître, il est d’abord peintre d’histoire, avant de se tourner vers le naturalisme à partir de 1880. Il obtient très vite un grand succès au Salon pour ses scènes  populaires finlandaises, puis pour ses portraits. Sa carrière atteint son apogée avec le Portrait de Louis Pasteur, exposé en 1886, qui lui assure une notoriété internationale. Il retourne s’installer en Finlande en 1891, et la fin de sa carrière est marquée par des œuvres patriotiques.

Influencé par Jules Bastien-Lepage et, dans une certaine mesure, par l’impressionnisme, son style mêlant naturalisme et modernité assure son succès. Il est proche de Pascal Dagnan-Bouveret, John Singer Sargent et Henri Gervex.

Son influence sur les artistes finlandais est importante : à la suite de son succès, Paris devient le nouveau centre artistique pour ses compatriotes, tels Akseli Gallen-KallelaMagnus Enckell, Helene Schjerfbeck, et il permet à son pays d’avoir un pavillon indépendant de celui de la Russie à l’Exposition universelle de 1900.


Albert Edelfelt est le premier enfant d’une famille suédo-finlandaise. Son père Carl Albert, architecte issu de la noblesse suédoise, vit en Finlande  depuis l’âge de 14 ans et sa mère, Alexandra Brandt, est la fille d’un marchand aisé de Porvoo1. Il naît en 1854 au manoir de Kiiala, propriété de sa mère sur la commune de Porvoo. Il hérite de ses parents un goût prononcé pour les arts, et sa mère l’initie tôt à la poésie de Johan Ludvig Runeberg1. Son père meurt en 1869, laissant sa famille dans une situation financière compliquée ; mais sa mère parvient à lui donner une bonne éducation ainsi qu’à ses trois sœurs. Son intérêt pour le dessin attire rapidement l’attention et il commence à suivre des leçons à l’Association des arts de Finlande en 1869, avec le sculpteur Carl Eneas Sjöstrand, puis en 1870 il prend des cours privés avec Bernhard Reinhold, un portraitiste allemand temporairement installé en Finlande.

Entré à l’université au printemps 1871 pour étudier le latin, le grec et l’histoire, il arrête rapidement et suit les cours de dessins d’Adolf von Becker1 et de Berndt Lindholm. Il se fait remarquer à l’exposition annuelle de l’Association des arts de Finlande en 1872 et, grâce à une bourse de l’État, va étudier à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers en octobre 1873, où il gagne un prix au bout de cinq mois.

Peu de temps après, en mai 1874, il est admis à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Il est, avec Gunnar Berndtson, un des premiers artistes finlandais à venir étudier à Paris dans les années 1870. Il s’y lie d’amitié avec d’autres jeunes artistes, notamment Jules Bastien-Lepage, Pascal Dagnan-Bouveret, Henri Gervex et John Singer Sargent. Sa première œuvre importante produite à Paris, Le Billet doux, lui fait remporter le prix Ducat de l’Association des arts de Finlande. Il voyage à Rome avec le marchand d’art Victor Hoving en 1876, puis reprend ses études dans l’atelier de Gérôme jusqu’en 1878.

Ses premières œuvres sont principalement des peintures d’histoire. Blanche de Namur, inspirée du conte Neuf pièces d’argent de Zacharias Topelius, est exposée au Salon de 1877 et y reçoit un franc succès. L’intimité entre les deux personnages est inhabituelle pour la peinture d’histoire française de l’époque5 et le tableau est reproduit par plusieurs éditeurs. L’année suivante, après un été passé en Finlande en compagnie d’Adolf von Becker, il peint Le Duc Karl insultant le corps de Klas Fleming, une composition dramatique qui rappelle Le Pape Formose et Étienne VI de Jean-Paul Laurens. Le tableau est peint sur les conseils de Gérôme, après une étude précise des costumes d’époque, comme pour Blanche de Namur. Il s’intéresse peu aux grands thèmes bibliques et mythologiques et son réalisme le rapproche d’Ernest Meissonier. Enfin, en 1879, Edelfelt peint Le Village incendié, qui représente un épisode d’une révolte paysanne ayant eu lieu en 1596. Au Salon, il reçoit un succès encore plus grand que les deux tableaux précédents. Son intérêt pour le plein air apparaît déjà, puisqu’il avait prévu de composer la toile d’après des paysages peints sur le motif en 1878, mais est resté insatisfait du résultat et s’est résolu à composer en atelier.

Entre 1878 et 1883, Edelfelt peint plusieurs tableaux typiques de  l’orientalisme, dont Gérôme est un grand représentant. En 1878, il fait poser sa modèle Antonia Bonjean pour La Señorita, qui reprend l’archétype des femmes espagnoles véhiculé par les orientalistes. Influencé par le Voyage en Espagne de Théophile Gautier, il finit par visiter le pays d’avril à mai 1881 : Madrid, l’Alhambra, Séville, Cordoue et Tolède. Il est principalement marqué par l’Andalousie et rapporte de son voyage plusieurs toiles représentant de jeunes danseuses gitanes.

À la fin des années 1870, le genre historique est en déclin, et Edelfelt se tourne à partir de 1878 vers le plein air et le réalisme de Jules Bastien-Lepage. Au printemps 1879, dans une résidence d’été de sa mère à Haikko, il compose Convoi funéraire d’un enfant. Le tableau reçoit une médaille de troisième classe au Salon de 1880, faisant d’Edelfelt le premier Finlandais à recevoir une telle récompense. Cette toile composée en plein air marque un tournant dans sa production et le fait connaître plus largement. Elle reçoit les louanges de la critique, et notamment de Jean-Baptiste Pasteur, par l’intermédiaire duquel Edelfelt rencontre Louis Pasteur en 1881. Son succès va grandissant : l’année suivante, il gagne une médaille de deuxième classe pour son Service divin au bord de la mer, qui est acheté par l’État français pour le musée du Luxembourg, une première pour une œuvre finlandaise. La toile, influencée par les nouvelles tendances françaises, apparaît révolutionnaire pour le public finlandais habitué à l’École de Düsseldorf, et Edelfelt participe à la diffusion du style de Bastien-Lepage.

Bien qu’Edelfelt juge très négativement l’impressionnisme dans un article au journal Finsk Tidskrift en 1877, les influences de ce mouvement ne sont pas complètement absentes de son travail, particulièrement dans son traitement de la lumière. Dans un nouvel article au Finsk Tidskrift, en 1884, il reconnaît les apports de l’impressionnisme à l’art, mais il ne l’apprécie pas pour autant : sa toile Les Jardins du Luxembourg est exposée à la galerie Georges Petit durant l’Exposition internationale de peinture et de sculpture de 1887, aux côtés d’œuvres de Monet, Pissarro ou encore Morisot, ce qui lui déplaît fortement. La composition mouvementée et l’absence de hiérarchisation des personnages donnent un effet d’instantanéité assimilable à l’impressionnisme, mais la touche lisse et sophistiquée l’en éloigne franchement. Le style d’Edelfelt, à la fois traditionnel et incluant des touches de modernité, assure son succès. Philippe de Chennevières, directeur des Beaux-Arts de Paris à partir de 1873, parle de « l’effet général impressionniste » pour désigner cette influence visible chez un certain nombre d’artistes, comme Giuseppe De Nittis, Jules Bastien-Lepage, Henri Gervex et John Singer Sargent. Une autre toile exposée chez Georges Petit au même moment, Paris sous la neige, peinte depuis l’atelier parisien d’Edelfelt avenue de Villiers ou de son appartement rue d’Offémont, présente un point de vue inhabituel lui aussi propre à l’impressionnisme.

Edelfelt se fait connaître à partir de 1880 pour ses portraits, et en envoie un chaque année au Salon. Sa manière caractéristique de rendre la personnalité du modèle assure son succès de portraitiste à la mode, qui culmine après Louis Pasteur, présenté au Salon de 1886, dont le retentissement est international. Il représente ses modèles non pas dans une attitude classique, mais occupés et dans leurs milieux habituels, une idée déjà développée par Bastien-Lepage dans son Portrait d’Albert Wolff (1881) et Manet pour le Portrait d’Émile Zola (1868).

Edelfelt fut un grand ami de Louis Pasteur, qui manifesta un vif intérêt pour l’art dans son adolescence et resta proche toute sa vie du milieu artistique12. Son fils Jean-Baptiste, qui écrivait des critiques d’art dans des revues et avait noté favorablement Convoi funéraire d’un enfant, les fait se rencontrer en 188112. La correspondance du jeune artiste est un témoin important pour étudier la personnalité de Pasteur.

Le portrait est commencé à la mi-avril 1885, et Edelfelt pense dès le départ à représenter Pasteur dans son environnement de travail. Le modèle participe à la composition, comme le révèle une lettre d’Edelfelt, qui écrit à sa mère que Pasteur a remplacé un petit flacon qu’il tenait dans sa main par un plus grand, contenant un morceau de moelle épinière prélevée sur un lapin atteint de la rage. Il aurait dit à Edelfelt que ce détail « n’est pas encore bien compris, mais aura une grande importance dans le futur ». Au moment où est réalisé le tableau, les expériences de Pasteur pour un éventuel vaccin contre la rage sont inconnues du grand public ; l’année suivante, des centaines de malades se pressent pour être vaccinés.

Finalement, trois tableaux représentant Pasteur sont exposés au Salon de 1886 : Louis Pasteur par Edelfelt, Louis Pasteur accompagné de sa petite-fille par Léon Bonnat, et Le laboratoire de M. Pasteur par Lucien Laurent-Gsell. La toile d’Edelfelt jouit du plus grand succès dans la presse, et il reçoit de nombreuses commandes de portraits. Pour son portrait de Pasteur, il reçoit une médaille d’or et une médaille d’honneur à l’Exposition universelle de 1889, et est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Bien qu’ Edelfelt ait voulu offrir le tableau à Pasteur, il est acheté par l’État français dès 1886. Il est conservé au musée d’Orsay depuis 1986.

Une copie réalisée avec l’aide d’Helene Schjerfbeck est conservée à Paris à l’Institut Pasteur. Bert Hansen note que ce portrait novateur a été rapidement reproduit dans la presse, et a eu une grande postérité dans la représentation archétypale des scientifiques, comme pris sur le vif et absorbés dans leur travail.

Installé à Paris depuis 1874, Albert Edelfelt reste attaché à la Finlande, où il passe ses étés dès 1878. Il y retourne durablement en 1891 — bien qu’il conserve son atelier avenue de Villiers et reste proche du milieu parisien.

Les scènes finlandaises qu’il peint dès la fin des années 1870, comme Le Village incendié ou Le Convoi funéraire d’un enfant, font de lui un artiste original aux yeux des critiques français, qui soulignent le caractère nordique de ses œuvres cultivé par l’artiste. À part Les Jardins du Luxembourg, toutes ses grandes compositions représentent des sujets finlandais, expression de son patriotisme renforcé par la russification de la Finlande dans les années 1890.

Il a alors un intérêt nouveau pour le paysage. Coucher de soleil sur les collines de Kaukola est l’un des premiers qu’il peint, suivant un point de vue en plongée typique de la peinture de paysage finlandaise. Le format vertical, cependant, est une nouveauté qui se diffusera au tournant du XXe siècle. L’œuvre a un grand succès et est utilisée pour illustrer un ouvrage sur l’histoire du pays, La Finlande au XIXe siècle décrite et illustrée par une réunion d’artistes et d’écrivains finlandais, traduit en français en 1894.

De 1894 à 1900, il réalise une série d’illustrations pour les poèmes de Runeberg Récits de l’enseigne Stål, qui traitent de l’histoire de la Finlande30, dont fait partie Soldats finlandais pendant la guerre de 1809. En 1904, il réalise sa dernière œuvre importante, des fresques pour l’université d’Helsinki, représentant l’inauguration de l’université de Turku en 1640. Elles ont été détruites pendant la Seconde Guerre mondiale.

Source : Wikipédia.

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