Alain Poher, homme politique.

Alain Poher, né le 17 avril 1909 à Ablon-sur-Seine (Seine-et-Oise) et mort le 9 décembre 1996 à Paris, est un homme d’État français.

Membre du MRP, il est élu sénateur en 1946, avant d’être nommé secrétaire d’État chargé des Finances dans le deuxième gouvernement Robert Schuman puis du Budget au sein du gouvernement Henri Queuille. Proche de Robert Schuman, il est président du Parlement européen de 1966 à 1969.

Président du Sénat de 1968 à 1992, il assure en cette qualité la fonction de président de la République française par intérim, une première fois en 1969, à la suite de la démission de Charles de Gaulle, puis en 1974, après la mort de Georges Pompidou. Candidat du Centre démocrate (CD) à l’élection présidentielle de 1969, il est battu au second tour par Georges Pompidou.

Il reste aujourd’hui le titulaire du plus grand nombre de mandats de président du Sénat (huit, soit 24 ans) et le seul président du Sénat à avoir exercé la fonction de président de la République par intérim.


Alain Poher, fils unique d’Ernest Poher, ingénieur des chemins de fer (1875-1936), et de Louise Souriau (1872-1960), est issu d’une famille originaire de Bretagne.

Alain Poher, carte maximum, Paris, 29/12/2006.

Il était ingénieur civil diplômé de l’École nationale supérieure des mines de Paris et de l’École libre des sciences politiques.

Il se marie en 1938 à Henriette Tugler (Cahors, Lot, 1907-Ablon-sur-Seine, 2004), fille d’un inspecteur principal de l’exploitation des chemins de fer, chevalier de la Légion d’honneur. Le couple a deux filles : Marie-Agnès Poher (1940), veuve de Jean-Pierre Joussain, et Marie-Thérèse Poher (1944-2002). Ils ont trois petits-enfants, qui ont relevé le nom de famille de leur grand-père Poher.

En 1938, il entre au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie et est rédacteur de troisième classe. Durant la guerre, il est mobilisé, participant aux combats du printemps 1940. Blessé, et ayant échappé à l’opération Dynamo à Dunkerque, il rejoint dès 1941 le groupe Libération Nord, qu’il anime au sein du ministère des Finances.

Le 20 juillet 1944, il est nommé président du comité de Libération du ministère et commandant des FFI. En 1945, il dirige les services sociaux du ministère des finances. Il reçoit à ces titres la croix de guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance française.

Chef des services sociaux du ministère de l’Économie à la Libération, il rejoint Robert Schuman dont il est le directeur du cabinet. De 1948 à 1952, il est commissaire général aux affaires allemandes et autrichiennes ; il préside également l’Autorité internationale de la Ruhr. À partir de 1952, il siège à l’Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l’acier.

En 1945, il est élu maire d’Ablon-sur-Seine, dans le département de Seine-et-Oise, puis dans le Val-de-Marne après la réforme de 1964. Dans ce nouveau département contrasté, il incarne le Val-de-Marne d’essence provinciale, « versaillaise », comme il dit, par opposition à l’autre Val-de-Marne, le Val-de-Marne « parisien » qui se situe dans une dynamique d’intégration métropolitaine.

En 1946, il est élu au Conseil de la République. Hormis un intermède entre 1948 – lorsqu’il entre au gouvernement – et 1952, il siège sans discontinuer à la haute assemblée jusqu’en 1995.

Il est président du groupe MRP, puis rejoint le groupe Union centriste des démocrates de progrès (UCDP), qui devient ensuite le groupe Union centriste (UC).

Il est secrétaire d’État au Budget dans les deuxième cabinet Schuman et Gouvernement Henri Queuille du 5 septembre au 20 novembre 1948, puis secrétaire d’État à la marine du 11 novembre 1957 au 14 mai 1958 dans le cabinet Félix Gaillard. Il assiste à la fin de la IVe République.

Le 3 octobre 1968, bien qu’il ne se soit pas porté candidat, Alain Poher est élu président du Sénat à l’issue du troisième tour de scrutin par 135 voix contre 107 à Pierre Garet et 22 à Georges Cogniot ; il devient ainsi le deuxième personnage de l’État dans l’ordre constitutionnel, après le président de la République, Charles de Gaulle.

C’est à ce titre que le 28 avril 1969, jour de la démission du général de Gaulle, Alain Poher est chargé, par la Constitution, d’exercer provisoirement la fonction de président de la République.

Il est candidat à la succession du fondateur de la Ve République avec le soutien de la droite non gaulliste et des centristes4. Il parvient à se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle anticipée, avec 23,3 % des suffrages, face à l’ancien Premier ministre Georges Pompidou. Dans l’entre-deux-tours, il reçoit le soutien de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) ; les communistes, représentés par Jacques Duclos, refusent de choisir entre « bonnet blanc et blanc bonnet ». Alain Poher est finalement battu par Pompidou, recueillant 41,8 % des voix. Le 20 juin suivant, il transmet le pouvoir au nouveau président de la République.

Entre 1971 et 1992, à l’issue de chaque renouvellement sénatorial, il est réélu à la présidence de la Chambre haute.

Le 2 avril 1974, Alain Poher est de nouveau appelé à assumer l’intérim présidentiel, après la mort du président Pompidou. Il assume la continuité de l’État jusqu’à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à l’Élysée.

De nouveau candidat à sa succession au « plateau » en 1989, à 80 ans, Alain Poher voit sa candidature contestée : au premier tour de scrutin, il recueille 115 suffrages, loin des 159 voix requises pour la majorité absolue ; au second tour, il perd sept voix, les centristes ayant décidé de soutenir l’ancien ministre René Monory, avant d’être finalement élu à l’issue du troisième tour, avec 127 voix, grâce à la majorité relative suffisante pour l’élection. Il reconnaît alors « une journée difficile », qui ne saurait être « un exemple pour l’avenir ». L’ancien ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, qui présidait alors le groupe RPR du Sénat, se vante, plus tard, d’avoir largement contribué à la réélection d’Alain Poher.

Il ne souhaite pas se présenter pour un neuvième mandat à la présidence de la Chambre haute, où lui succède la centriste René Monory le 2 octobre 1992, après qu’il a présidé cette institution durant quasiment vingt-quatre ans.

Alain Poher est notamment influencé par le personnalisme d’Emmanuel Mounier.

Dès le début de son parcours, Alain Poher manifeste de très fortes convictions européennes. Il tente de convaincre de Gaulle de renoncer au référendum sur la réforme du Sénat en 1969. Il saisit le Conseil constitutionnel qui annule la loi sur la liberté d’association de Raymond Marcellin et René Pleven en 1971. Cet événement marque « la seconde naissance » du Conseil constitutionnel, comme l’indique le professeur Pierre Avril.

Il profite de son second intérim à la présidence de la République pour déposer les instruments de ratification de la Convention européenne des droits de l’homme. Cette convention signée par la France en 1950, n’avait jamais été ratifiée par le pouvoir gaulliste. C’est avec en mémoire la conviction de son mentor, Robert Schuman, qu’Alain Poher a ratifié, en qualité de président du Sénat chargé d’exercer provisoirement les fonctions de président de la République, la Convention européenne des droits de l’homme. Il vient symboliquement en témoigner lors des 25 ans du Conseil de l’Europe le 6 mai 1974. Il veille à la régularité des opérations électorales de 1974 dans la France d’outre-mer qui pouvait jouer un rôle décisif pour départager Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand lors de l’élection présidentielle. Il préside les cérémonies marquant le centenaire du Sénat en 1975. Avec la gauche au pouvoir dès 1981, il s’efforce au dialogue mais en 1984, il rejette la révision constitutionnelle sur les libertés proposée par Laurent Fabius.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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