Abraham Ortelius, cartographe et géographe.

Abraham Ortell (ou Ortel, Ortels), dit Abraham Ortelius (ou Ortélius), né à Anvers, dans le duché de Brabant (aujourd’hui en Belgique), le 14 avril 1527 et mort dans la même ville le 28 juin 1598, est un cartographe et géographe brabançon.


La famille Ortels ou Wortels était originaire d’Augsbourg. Le grand-père d’Abraham, Guillaume Ortels, était pharmacien. Installé à Anvers, rue Kipdorp, il jouissait d’une honnête aisance. Il eut plusieurs enfants : Hubert, qui hérita de l’officine paternelle ; Odile, qui épousa Nicolas van der  Voorden, mercier à Bruxelles, et, en secondes noces, Jacques van Meteren et enfin Léonard, né en 1500, le père d’Abraham.

Léonard Ortels avait reçu une éducation soignée. Il parlait le grec et le latin ; il concourut, avec son beau-frère Jacques van Meteren, à la traduction de la célèbre Bible anglaise de Miles Coverdale. En 1535, accusés de posséder des livres suspects, ils furent tous deux l’objet de poursuites. Les perquisitions ne donnèrent rien et l’affaire se termina par un non-lieu. Léonard Ortels possédait un fond d’antiquaire et la vente d’objets rares lui permit d’élever honorablement sa famille. Il mourut jeune, en 1539, laissant à sa femme trois enfants : Abraham, Anne, qui resta la fidèle compagne de son frère, et Élisabeth, qui épousa Jacques Cools, marchand.

Ortélius, carte maximum, Belgique, 1942.

À la mort de son père, Abraham avait douze ans. Son oncle Jacques van Meteren partagea toute son affection entre son fils Emmanuel et son neveu Abraham ; mais, tandis qu’Emmanuel poursuivait ses études d’humanités à Tournai et à Duffel, son cousin devait abandonner celles qu’il venait d’entamer et commencer son apprentissage dans un atelier de graveur de cartes. Dès 1547, il est inscrit à la guilde de Saint-Luc en qualité d’enlumineur de cartes. Il reprit aussi l’affaire d’antiquaire de son père. Chaque année, Abraham se rendait à Francfort où se tenait la plus grande foire aux livres d’Europe. Il y achetait des cartes et des objets précieux qu’il revendait à ses clients. Travail, études, mais études complétées par le bienfaisant contact avec la vie et les voyages, telle est la jeunesse d’Ortelius.

En 1550, son oncle meurt et Abraham se trouve dès ce moment chef de famille. Il a 23 ans. François Sweerts, qui l’a connu, le présente ainsi :

« Ortelius était d’une haute taille et avait les manières faciles et gracieuses ; ses yeux étaient bleus, sa barbe blonde ainsi que sa chevelure de même teinte, que relevait la blancheur de sa peau et la beauté de son front. D’un abord agréable, il avait aussi une conversation variée et affable – signalons ici qu’Ortelius parlait et écrivait couramment le néerlandais, le français, l’allemand, l’espagnol, le latin et avait des notions de grec. Grave sans pédantisme, sa conduite se ressentait continuellement de son éducation éminemment chrétienne. »

Abraham Ortelius, homme instruit et curieux, se devait d’élargir le cercle de ses connaissances et d’augmenter aussi celui de ses affaires. Parmi ses nombreuses relations, Hubert Goltzius occupe une place importante.

Hubert Goltzius, qui venait de quitter l’académie de Lambert Lombard, à Liège, y avait bénéficié de l’enseignement du maître romaniste et ses goûts avaient été orientés vers les souvenirs antiques. Identifier les objets d’art et les réunir, tel est le but d’un collectionneur ; mais étudier les vestiges découverts et en tirer des leçons profitables à l’histoire, c’est hausser le goût de l’ancien au niveau d’une science. Goltzius était de ceux-là. Il s’établit à Anvers, ouvrit un commerce d’antiquités et entra en relations avec Ortelius. Ils entreprirent des voyages en commun et Goltzius sut transmettre à son ami ses connaissances et ses goûts. Quelques années plus tard, Goltzius devait s’attacher au service des frères Marc et Guy Laurin, à Bruges, avec qui il entreprit de savantes recherches et de magnifiques publications numismatiques. Ses patrons témoignèrent une égale amitié à Ortelius.

Une autre rencontre devait avoir sur la vie d’Ortelius une influence plus grande encore. C’est en 1554, à Francfort, qu’il fit la connaissance de Gerardus Mercator. Celui-ci venait de publier sa carte de l’Europe, carte qui avait été un véritable événement dans le monde scientifique du temps. Les rapports commerciaux établis entre les deux hommes se transformèrent vite en amitié. Mercator, mathématicien, eut tôt fait de communiquer son enthousiasme à son jeune émule. Pour Ortelius, la voie qu’il s’était tracée s’élargissait vers de nouvelles ambitions : l’enlumineur des cartes allait désormais s’attacher à les tracer, à les composer, à les grouper.

En 1560 en compagnie de Gerardus Mercator, de Franz Hogenberg, de Philippe Galle et de Jan Sadeler, il visita Trèves et la Lorraine. À Poitiers, les voyageurs s’arrêtèrent devant le dolmen de la Pierre-Levée, et y gravèrent leurs noms. Pour Ortelius, c’est bien là, semble-t-il, sa première signature de géographe ! De retour à Anvers, il réunit ses observations, grave et signe sa première carte. N’est-ce pas en souvenir de ce voyage que les cartographes anversois se firent un honneur, pendant plusieurs années, d’aller inscrire leurs noms sur cette Pierre-Levée à la suite de leurs maîtres ?

À cette époque, les grands armateurs anversois possédaient des officines destinées à tracer la route des navigateurs, à prévoir les directions des vents et à évaluer les dangers de perte des navires. Les armateurs gardaient de grandes cartes, préparées en rouleaux, véritables itinéraires tracés. La lecture en était difficile, l’usage peu pratique. Profiter des expériences acquises, grouper les divers itinéraires, ramener les cartes à une unité de projection, présenter ces documents sous un format maniable, les compléter à l’aide des dernières découvertes, en un mot, composer un atlas, tel sera le but d’Ortelius. Il réussira pleinement.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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