Abraham Duquesne, officier de marine.

Abraham Duquesne (puis du Quesne après son anoblissement), baron d’Indret dès 1650 puis marquis du Quesne en 1682, né à Dieppe en 1610 et mort le 2 février 1688 à Paris, est l’un des grands officiers de la marine de guerre française du XVIIe siècle. Né dans une famille huguenote au début du XVIIe siècle, il embarque pour la première fois sous les ordres de son père, capitaine de vaisseau . Il sert sous Louis XIII pendant la guerre de Trente Ans et se distingue en plusieurs occasions, notamment aux combats de Tarragone et du cap de Gata, mais doit quitter la marine en 1644 après avoir perdu un navire.

Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il obtient de Mazarin l’autorisation de servir dans la marine royale suédoise, en compagnie de son frère. Il prend part à la guerre de Torstenson qui oppose le royaume de Suède au Danemark et se distingue au combat de Fehmarn en prenant le navire amiral du commandant de la flotte danois Pros Mund. Rentré en France, il réintègre la Marine royale et est envoyé en 1669 au secours de Candie, assiégée par les Turcs. Il prend part à la guerre de Hollande (1672-1678) et combat à la bataille de Solebay (1672) et à Alicudi (janvier 1676), mais c’est à la bataille d’Agosta (avril 1676) et à celle de Palerme qu’il se distingue tout particulièrement. Il termine sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées navales, freiné dans son avancement par sa religion qu’il refusera d’abjurer malgré l’insistance de Louis XIV et de ses conseillers (Colbert et Bossuet).

Abrham Duquesne, carte maximum, Dieppe, 20/02/1988.

En 1635, il devient capitaine de vaisseau. Il apprend la mort de son père, tué par une escadre espagnole alors qu’il escortait un convoi de navires marchands en provenance de Suède. L’année suivante, à bord du Neptune, il se bat en Méditerranée contre les Espagnols avec les escadres de Guyenne, de Bretagne et de Normandie, sous les ordres du comte d’Harcourt et de l’archevêque de Bordeaux Mgr de Sourdis. Partie de l’île de Ré, le 23 juin 1636, la flotte française atteint les îles de Lérins, situées au large de Cannes, un mois plus tard. Ces îles sont alors tenues par les Espagnols, qui y ont bâti d’importantes fortifications afin de les rendre inexpugnables. L’île Sainte-Marguerite a été dotée de cinq forts, et l’île Saint-Honorat d’un fort. Après la prise des îles en 1635, il se distingue pendant la prise de ces îles qui durera neuf mois. En 1637, il croise en Méditerranée contre les Espagnols et les pirates barbaresques.

De retour à Brest, il s’occupe de renforcer les défenses du port de la ville. En 1638, il reçoit le commandement du Saint-Jean avec lequel il rejoint la flotte du Ponant, stationnée à Belle-Isle. Forte de trente-six vaisseaux de ligne, douze brûlots et quatre flûtes, celle-ci met les voiles vers les côtes espagnoles et sur la ville de Fontarrabie, où les armées françaises sont battues. Le 22 août 1638, il se distingue à la bataille de Gatari à bord du Saint-Jean, de 24 canons, une attaque coordonnée qui doit avoir lieu en même temps sur mer et sur terre, grâce à une armée de 12 000 hommes aux ordres du prince de Condé. Le cardinal de Richelieu lui écrit pour le féliciter sur sa conduite dans cette occasion et lui donner l’assurance de son intérêt et de son affection. Malgré une victoire de la flotte française, la ville ne pourra être prise avant l’année suivante.

Toujours employé dans l’armée navale de l’archevêque de Bordeaux, il seconde activement, en 1639, de nouvelles opérations sur les côtes de Biscaye, et prend part à la prise de Laredo et de Santona. Il y commande le Maquedo, bâtiment espagnol pris à l’ennemi. Mais, ayant reçu l’ordre d’aborder un gros galion qui se trouvait en rade de Santona, et s’étant intrépidement avancé à l’attaque à bord de chaloupes armées, il a la mâchoire brisée par une « mousquetade » au menton. Malgré cette grave blessure, il se rétablit, et reprend la mer.

Abrham Duquesne, épreuve de luxe.

En 1641, en compagnie de quatre autres capitaines, il va enlever cinq vaisseaux espagnols sous les canons de Rosas. II se signale aussi au combat de Tarragone le 4 juillet, devant Barcelone le 9 août, et au large du cap de Gata, où il est à nouveau blessé, le 3 septembre 1643. Le jeune marin perd dans l’archevêque de Bordeaux et dans Richelieu, qui décède à la fin de l’année 1642, deux protecteurs qui avaient pris la mesure de son talent. Il retrouve un appui en la personne du grand maître de la navigation Maillé-Brézé.

Mais en 1644, il perd son navire dans des circonstances mystérieuses et doit quitter la marine.

En 1661, Mazarin meurt et Colbert lui succède. Ce dernier tient Duquesne en haute estime et la même année, il réintègre la marine française et participe aux premières opérations navales du règne de Louis XIV. Il obtient le commandement du Saint-Louis, dont il vérifie l’armement. Après s’être illustré dans plusieurs combats en Méditerranée contre les barbaresques dans les années 1662-1663, sous les ordres du Chevalier Paul, il passe de la flotte du Levant à celle du Ponant. En 1665, il est nommé commandant d’escadre et Le Vendôme, 72 canons et 600 hommes d’équipage, est placé sous ses ordres. En juillet 1666, il est à la tête de l’escorte chargée de conduire à Lisbonne la duchesse de Nemours mariée par procuration au roi de Portugal Alphonse IV.

La flotte française est alors témoin de la guerre que se livrent l’Angleterre et les Provinces-Unies en mer du Nord. À cette époque, Duquesne sert dans l’escadre de François de Vendôme, duc de Beaufort dont il espère devenir le bras droit. En 1669, il est nommé lieutenant général des armées navales mais son ascension dans la hiérarchie de la marine, est ensuite barrée par la promotion fulgurante du comte d’Estrées, nommé vice-amiral du Ponant. Sitôt promu, il est envoyé en Méditerranée au secours de Candie, assiégée par les Ottomans, mais il arrive trop tard et la flotte française y subit une défaite. Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert ne voient pas en Duquesne un chef de guerre rompu au combat en ligne et animé d’un véritable esprit offensif. La guerre de Hollande va leur donner raison et confirmer la passivité de Duquesne au combat.

De retour en France, il est la cible d’accusations destinées à le déstabiliser. Ses relations avec le comte d’Estrées se dégradent significativement. Ce dernier écrit à propos de Duquesne Il est d’un caractère épineux et difficile, et d’un esprit moins porté à trouver des expédients qu’à susciter des difficultés. La rivalité entre les deux hommes atteint son paroxysme lorsque Duquesne refuse de saluer son commandant à tel point que Colbert est contraint d’intervenir. C’est dans ce contexte que les deux hommes s’apprêtent à aller affronter la flotte hollandaise de l’amiral Ruyter.

Ces succès lui laissent espérer une promotion. Cependant, Colbert lui écrit pour lui dire que Louis XIV est satisfait de ses services mais qu’il est au regret de l’informer que sa religion, qu’il refuse d’abjurer, rend impossible le fait de l’élever à la dignité d’amiral. En France, les guerres successives avec les Provinces-Unies ravivent les suspicions envers les protestants, très présents dans l’industrie et dans le commerce18, dans la première moitié des années 1680, aboutissant quelques années plus tard à la proclamation par le Roi de l’Édit de Fontainebleau en 1685, révoquant l’Édit de Nantes.

Contrairement à d’autres, Duquesne refuse d’abjurer le protestantisme. Le roi lui écrit « Je voudrais, monsieur, que vous ne m’empêchiez pas de récompenser les services que vous m’avez rendus comme ils méritent de l’être ; mais vous êtes protestant et vous savez quelles sont mes intentions là-dessus. » Au cours d’un de ces congés, il se rend à la Cour à Versailles, pour plaider sa cause. À Louis XIV, Duquesne répond, sûr de lui : « Sire, quand j’ai combattu pour Votre Majesté, je n’ai pas examiné si Elle était d’une autre religion que moi. »

Colbert et Bossuet essayeront à leur tour de le persuader, lui faisant voir la possibilité d’être promu maréchal, mais ce dernier reste intraitable. Pas rancunier, Louis XIV le fait marquis et érige sa terre du Bouchet près d’Étampes en marquisat.

En 1685, il est l’un des très rares personnages autorisé à rester protestant et à pouvoir demeurer en France malgré l’Édit de Fontainebleau, à condition qu’il ne se livre à aucun acte d’allégeance public « à la religion prétendue réformée ». Il demande à émigrer, mais cette faveur lui est refusée, de peur qu’il ne renseigne l’étranger sur l’état des forces navales françaises.

Il meurt d’une attaque d’apoplexie, le 1er février 1688 à Paris, à l’âge de 78 ans. Il est enterré dans son château du Bouchet, domaine érigé en marquisat par Louis XIV. Abraham Duquesne possédait le manoir du Moros à Concarneau.

Une semaine après sa mort, le Roi ordonne que tous ses biens soient mis sous séquestre. À sa veuve on laisse le choix de l’émigration ou de l’abjuration. Cette dernière finit par renier sa foi et peut conserver ses biens. Sur les quatre fils du couple, deux se convertiront au catholicisme, les deux autres émigreront en Suisse.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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