6ème jamboree de la Paix, Moisson, 1947.

Initialement prévu en Normandie dès 1946, ce 6e Jamboree (retardé à cause de la guerre), fut organisé en 1947 à Moisson (alors Seine et Oise , aujourd’hui département des Yvelines), dans une boucle de la Seine, près de Mantes-La-Jolie. Ce fut le seul rassemblement Scout mondial à s’être déroulé en France. Il eut lieu du 9 au 20 août 1947. Ce fut le VIe Jamboree Mondial, dix ans après celui de Hollande. Organisé peu après la guerre, il fut surnommé officiellement le Jamboree de la Paix.

Avant le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, il était prévu que la France accueille le Jamboree en 1941. Les événements décidèrent autrement mais le Jam fut ensuite prévu pour 1946, la guerre ayant cessé. Mais pour de multiples raisons (approvisionnements insuffisants, déplacements difficiles, priorités immédiates) il fut repoussé à l’année suivante.

En 1947, eut ainsi lieu le premier grand rassemblement d’après-guerre des scouts du monde. Ce jamboree sera appelé “Jamboree de la paix” et sera placé sous l’égide, le patronage du fondateur et chef éternel du Scoutisme, Lord Robert Baden-Powell, décédé à Nyeri au Kenya en 1941. Il rassembla des scouts de 42 nations.

L’organisation du jamboree, placée sous la direction de son Commissaire général Henri Van Effenterre (relations extérieures) et du Chef de Camp Eugène Arnaud (organisation des activités du camp) nécessita un travail énorme et une logistique digne des plus grands événements historiques.

24 152 scouts furent présents à Moisson (70 nations représentées) et près de 40 000 campeurs y participèrent. Notons la présence d’environ 300 scouts de la branche Extension dont 80 à 100 étrangers.

Le jamboree eut lieu sur un immense terrain appartenant à la famille Lebaudy (sucre), formant une boucle de la Seine.

Une gare spéciale fût créée pour le jamboree (Rosny-Jamboree), un “petit train ” faisait le tour du camp (il venait de la Ligne Maginot et avait été monté par le Génie militaire); un appontement sur la Seine fût construit pour les scouts marins. Il y eut même une “police scoute”,une centaine de routiers porteurs d’une fourragère rouge.

Sur 600 hectares les sous-camps destinés aux scouts, portant des noms de provinces françaises, mélangeaient les nationalités : les scouts des États-Unis furent ainsi répartis en 5 sous-camps. Dans l’île campaient 500 scouts marins de tout pays sur une île de la Seine qui bordait le camp. Naturellement, elle avait été rebaptisée « l’île de la tortue » et leur était réservée. Ce sous camp spécial était dirigé par un “capitaine de port” Pierre-Yves Labbe.

Les scouts des Indes célébrèrent l’indépendance de leur pays. Des compétitions figuraient au programme. La marche finale s’effectua selon le modèle d’un nœud de carrick, le symbole du Jamboree. A la cérémonie d’ouverture, les scouts défilaient par pays; lors de la clôture, chaque sous-camp portait à sa tête les nombreux drapeaux et bannières des scouts de tous les pays représentés dans son sous-camp.

L’événement eut son journal quotidien : Jamboree France. Une grande poste centrale internationale, fonctionnait jour et nuit pour traiter les 50 000 lettres expédiées quotidiennement.

Flamme postale du bureau du Jamboree de la paix.

Un central téléphonique avec 40 standardistes femmes et hommes en uniformes se succédaient. Un hôpital de campagne, comprenant 200 lits, dont 50 de chirurgie avait été installé sur place.

Le rôle logistique de l’armée et de marine fut très important. Ainsi pour traverser la Méditerranée, deux croiseurs furent à disposition des scouts d’Algérie, le “Montcalm” à l’aller et le “Georges Leygues” le second pour le retour. De Marseille ces scouts furent transportés dans des cars militaires à Moissons. Le transport de retour fut assurés pour eux dans des conditions identiques, ravitaillement, sécurité et logistique.

La nature du terrain engendra un inconvénient qui fit connaitre ce jam sous le nom de Jamboree de la poussière. Tout aussi gênant, les chênes de Moisson étaient couverts de chenilles urticantes (gale du chêne), on se gratta donc beaucoup dans certains sous-camps.

Il y eut aussi un grand défilé sur les Champs Elysées de Paris devant le général de Lattre de Tassigny.

Pour ce jamboree, les 26 insignes officiels en tissu ont été réalisés, à la demande du Scoutisme Français, par les Ets Danthony de St Étienne. Ces inimitables insignes, finement tissés en fil de lin, sont devenus, au fil des années, les insignes les plus rares et les plus recherchés au monde.

A l’occasion du jamboree fût publié le recueil Les Chansons du Jamboree, plus connu sous le nom de Chansonnier de Moisson, dont les co-auteurs, Jacques Chailley, William Lemit et César Geoffray sont issus des EDF et SDF. L’architecte Jamboree Max Ingrand (et peut-être d’autres éléments graphiques le sont aussi).

Les scouts allemands n’ont pas été invités à ce rassemblement par les organisateurs. Toutefois, une délégation des Deutsche Pfadfinderschaft Sankt Georg catholiques était bien présente à ce rassemblement, introduite et logée en douce par les Scouts de France.

Jamboree de la paix, carte maximum.

En 1947, dans une période de restrictions (le rationnement était encore très sévère à tel point que ces sont les États-Unis qui ont assuré l’approvisionnement en farine) et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d’organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit Jamboree de la Paix, qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d’interdictions.

Pour le gouvernement français, qui aida et finança largement le projet (130 millions de francs français), le déroulement du Jamboree permettait d’affirmer le retour de la France sur la scène internationale, d’où la visite du Président de la République d’alors, Vincent Auriol. Pour la petite histoire une patrouille était venue l’inviter “à l’impromptu” et fut reçue à l’Elysée. Ce fut son exploit qualificatif pour l’accès au Jam’.

André Lefevre, mieux connu sous le totem de Vieux Castor (auteur de nombreux ouvrages de techniques scoute) est toujours, après-guerre, Commissaire général des Éclaireurs de France; malheureusement il décède quelques mois avant l’ouverture du Jamboree. Georges Gauthier est quant à lui Commissaire Général des Scouts de France jusqu’en 1955.

Pour de nombreux anciens, le jamboree de 1947 est le dernier grand rassemblement unissant sous la même bannière scoute les différents mouvements du Scoutisme Français, en effet, les années qui vont suivre changeront durablement le visage de la France scoute.

Internationalement, ce “Jamboree de la Paix” est reconnu comme le plus marquant d’après guerre tellement il a laissé une empreinte indélébile pour toute une génération d’adolescents.

Parmi l’équipe de traducteurs Claude Marchal est un futur collectionneur réputé.

Source : Scoutwiki