Granville Sharp, né en Angleterre à Durham le 10 novembre 1735, mort le 6 juillet 1813 à Fulham, est un savant britannique converti au christianisme évangélique et l’un des pionniers de la lutte pour l’abolition de l’esclavage, « premier héros anglais de l’abolition ».
Greffier de justice diplômé de droit, Granville Sharp engage sa lutte pour l’abolition de l’esclavage par la rédaction et la publication d’une réfutation détaillée de la doctrine des officiers de justice York et Talbot, doctrine qui justifie la chasse aux esclaves fugitifs en Grande-Bretagne : ils avaient établi en 1729 que des esclaves baptisés ou débarquant sur le sol britannique ne pouvaient en arguer pour réclamer leur libération, dans la mesure où cela ne suffisait pas à faire d’eux des hommes libres. Trois ans plus tard, en 1772, Sharp prolonge cet effort théorique par une action judiciaire. Il s’engage en effet dans la défense d’un esclave américain baptisé en Angleterre qui a fui son maître et qui réclame sa libération, James Somerset. Granville Sharp obtient à cette occasion que le Lord Chief of Justice, Lord Mansfield, reconnaisse que rien dans le droit positif anglais ne permet de maintenir en servitude un esclave fugitif sur le sol britannique, et que dès lors tous les esclaves posant le pied sur le sol de la Grande-Bretagne peuvent être proclamés libres s’ils échappent à leur maître.