Les chemins de fer espagnols.
Au XIXe siècle, l’Espagne était l’un des pays les plus pauvres et les moins développés économiquement d’Europe occidentale. C’était aussi un pays instable sur le plan politique. En conséquence, l’arrivée du chemin de fer y fut relativement tardive. La première ligne construite dans la péninsule
ibérique fut une courte ligne reliant Barcelone à Mataró mise en service en 1848, bien qu’à cette époque une ligne fût déjà en exploitation à Cuba, alors partie de l’empire espagnol. Ce n’est qu’à partir du moment où, dans les années 1850, l’investissement dans le secteur ferroviaire fut rendu plus attrayant pour les capitaux étrangers que la construction de voies ferrées à grande échelle put commencer.
L’une des décisions les plus lourdes de conséquences fut celle, prise très tôt, de construire le réseau ferré espagnol à l’écartement inhabituel de 1 674 mm (à peu près cinq pieds six pouces, soit six pieds castillans). Tout comme en Russie, ce choix d’écartement large fut influencé par le souvenir encore vivace de l’invasion napoléonienne. On pensait alors que l’incompatibilité des réseaux ferroviaires pouvait prévenir tout risque d’invasion par les trains militaires d’une France de nouveau conquérante. De ce fait, les chemins de fer portugais furent également construits à l’écartement large.