Surnommé le Bon, ce roi de France succéda le 22 août 1350 à Philippe de Valois, son père, et fut sacré à Reims le 26 septembre de la même année, avec Jeanne de Boulogne, sa seconde femme. Il avait plus de quarante ans lorsqu’il parvint au trône, et, placé souvent à la tête des armées sous le règne précédent, il s’y était montré avec beaucoup de valeur. Les peuples, qui attribuent toujours leurs maux à ceux qui les gouvernent, oubliant ce qui pouvait justifier la mémoire de Philippe de Valois, se flattèrent d’être plus heureux sous l’autorité de son fils.
Mais l’habile Édouard III régnait encore en Angleterre : ses prétentions à la couronne de France étaient devenues, par ses victoires, plus légitimes dans l’esprit de ceux qui avaient des dispositions à se laisser séduire, et l’indiscipline parmi les nobles, l’esprit de faction dans la bourgeoisie, faisaient chaque jour de nouveaux progrès. Jean, que nous verrons bientôt assembler la nation avec une confiance qui seule suffirait pour prouver combien il était éloigné de toute tyrannie, se vit réduit, dès les premiers jours de son règne, à violer les formes de la justice pour ne pas compromettre son autorité.