Balthasar Kłossowski, dit Balthus, peintre figuratif.

Balthasar Kłossowski, alias Balthus parfois dit Kłossowski de Rola, né à Paris le 29 février 1908, mort à Rossinière (Suisse) le 18 février 2001, est un peintre figuratif français d’origine prussienne, aujourd’hui polonaise.

La meilleure façon de commencer est de dire, Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures, telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui en 1968, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques.

Le Roi des chats — titre d’un de ses autoportraits peint à 27 ans — a en effet toujours souhaité s’entourer d’une aura de mystère, ce qui a sans aucun doute contribué à occulter sa personnalité et son œuvre aux yeux du grand public.

Dans ce tableau, le peintre, en pied et le corps déformé, peint sur un fond ocre jaune. À sa gauche un chat se frotte à ses jambes trop longues, alors que sur un tabouret à sa droite repose un fouet sous lequel est écrit en anglais « The portrait of H.M, the King of Cats painted by Himself, MCMXXXV ». Son auto-portrait est à la fois ironique, teinté de comique, d’emphase mélodramatique et de solennité et décrit l’art de Balthus comme celui qui laisse ses sujets en paix mais qui veut inquiéter le spectateur, par une étrangeté explorant rêveries et pulsions secrètes plus ésotériques qu’érotiques.

Balthus, carte maximum, Paris 6/11/1982.

Rare et discret, il l’est dès sa naissance, un 29 février ; un anniversaire qui fait aussi partie de la « légende Balthus » et que son « grand ami » Rainer Maria Rilke (amant de sa mère, Baladine) ne manquait jamais de souhaiter avec une lettre.

Prussiens, d’ascendance polonaise pour son père, Erich Klossowski, historien d’art, peintre et décorateur de théâtre, et russe par sa mère Baladine Klossowska, peintre également et élève de Pierre Bonnard, ses parents se sont mariés à Londres en 1908 pour vivre leur amour. Balthus naît à Paris, mais sa famille, du fait de ses origines, se réfugie en Suisse lors de la Première Guerre mondiale. Ses parents se séparent peu après et il passe son enfance avec son frère Pierre dans la région de Genève, près de leur mère et bientôt de Rilke.

Baladine rencontre le poète Rilke en 1919 : le jeune Balthasar Klossowski a 11 ans. Le garçon publie son premier livre de dessins, Mitsou, sous l’impulsion de ce mentor, lorsqu’il a quatorze ans. Il signe le recueil du surnom de « Baltusz » qu’on lui donnait à l’époque et qu’il transformera en « Baltus », puis en « Balthus » par la suite.

Durant son adolescence, il rencontre les nombreuses relations de sa mère et de Rilke qui viennent lui rendre visite : André Gide, Maurice Denis, Pierre Bonnard.

Balthus part pour Paris avec sa mère et son frère en 1924. Il y suit l’enseignement de Pierre Bonnard. Il peint ses premiers tableaux, copie des œuvres au musée du Louvre suivant les conseils de Maurice Denis. En 1926, il va en Italie étudier les peintres de la Renaissance, en particulier les fresques de La Légende de la Vraie Croix de Piero della Francesca à Arezzo, ainsi que celles de Masaccio à Florence qui ont une influence déterminante sur son style. Balthus écrit dans ses mémoires :

« De Piero della Francesca, j’ai tant appris : sa manière d’occuper l’espace dans ses tableaux, de le diviser, de loger des diagonales qui donne l’ordre à l’ensemble. »
En 1929, il expose pour la première fois à Zurich, sans grand succès. En 1932, il revient à Paris. Il illustre Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë et rencontre Antonin Artaud.

Balthus, épreuve de luxe.

Balthus s’installe dans un premier temps au 4 de la rue de Furstemberg dans le quartier Saint-Germain-des-Prés puis, non loin de là, à partir de 1936, cour de Rohan (quartier de la Monnaie) où il résidera plusieurs années. En 1933, il rencontre Derain et Giacometti qu’il revoit à Berne.

Il entre en contact avec le mouvement surréaliste par l’intermédiaire de Pierre Loeb, et participe à la revue le Minotaure, mais il ne se sent guère de point commun avec la mouvance d’André Breton : Balthus récuse la notion d’inconscient freudien. Il expose à la Galerie Pierre Loeb en 1934 une série de tableaux mettant en avant des jeunes filles à la pose équivoque, thème qui crée le scandale et qui fera sa célébrité ultérieurement. Mais l’exposition est un échec, aucun tableau n’est vendu10. Il réalise son autoportrait en « roi des chats » en 1935. En 1936, il expose à Londres la série de Les Hauts de Hurlevent. Il entame des séries de portraits dont celui de Derain, puis de Miró avec sa fille Dolores (1937), aujourd’hui tous deux au Moma de New York. Il peint alors les portraits de Lady Abdy, Thérèse, Marie-Laure de Noailles, Lady Schuster, la baronne Alain de Rothschild…

Il se marie en 1937 avec Antoinette de Watteville (1912-1997) à Berne, ils partent en voyage de noces avec Isabel Rawsthorne (1912-19928). Cette dernière lui sert de modèle dans plusieurs toiles, dont La Toilette et Jeune fille en costume d’amazone.

En 1938, première exposition à New York avec la galerie Pierre Matisse. La même année, il peint Thérèse rêvant qui présente une jeune femme, dont on ne sait si elle adulte ou enfant, assoupie posant un pied sur un tabouret alors qu’un chat au premier plan lape une assiette de lait, faisant de la jeune fille l’emblème du peintre :

« Les petites filles de Balthus sont aujourd’hui un lieu commun au même titre que les gares de Delvaux, la pipe de Magritte ou les ready-made de Duchamp. »

Balthus est mobilisé en Alsace au début de la Seconde Guerre mondiale mais est rapidement démobilisé pour des raisons mystérieuses. Il s’installe alors à Champrovent en Savoie, puis à Fribourg en Suisse, où naissent deux de ses fils Thadeus et Stanislas, et à Cologny près de Genève à partir de 1942. Il expose à la galerie Moos de Genève en 1943. Il rencontre l’éditeur Albert Skira et André Malraux en 1945. Cette même année, il se sépare de sa femme et retourne à Paris. Il y achève Les Beaux Jours en 1946.

Il y réalise les décors et les costumes d’une pièce d’Albert Camus, L’État de siège et peint La Chambre en 1947-1948). En 1950, il effectue les décors de l’opéra Così fan tutte de Mozart au festival d’Aix-en-Provence. À cette époque, il lie une relation discrète avec la fille de Georges Bataille, Laurence (1930-1986) qui vit alors avec sa mère Sylvia Bataille et Jacques Lacan. En 1952, la Lefèvre Gallery lui consacre sa première exposition londonienne.

En 1953, Balthus quitte Paris pour le château de Chassy, à Montreuillon, Nièvre, dans le Morvan, en Bourgogne, où il reste jusqu’en 1961, après l’avoir loué puis acheté où il s’installe avec sa nièce par alliance Frédérique Tison. Il y achève La Chambre et Le Passage du Commerce-Saint-André. Il y peint plusieurs paysages, vus de ses fenêtres, dont les deux Jeune fille à la fenêtre, de 1955 et 1957, deux portraits de Colette, la fille des métayers de Chassy. Il se crée un personnage de dandy et d’aristocrate « féodal », alors que son appartenance à la noblesse est non établie et fantasmée, et que sa mère est issue d’une famille juive pratiquante.

En 1956, Balthus est exposé au MoMA de New York. En novembre à Chassy, il reçoit la visite d’Alberto et Annette Giacometti et du galeriste Pierre Matisse. Il peint Grand paysage à l’arbre (ou Grand paysage à l’arbre).

En 1977, à la fin de son mandat romain, le peintre prend le thé au Grand Chalet de Rossinière, en Suisse, il s’en éprend et l’achète. Il y vivra jusqu’à sa mort avec son épouse et leur fille, Harumi. Travailleur infatigable, selon son fils Stanislas :

« Il se lève très tôt. Son atelier est orienté pour recevoir la lumière du nord. Il travaille toute la journée et ne déjeune pas. Quand la lumière baisse, comme il ne travaille jamais à la lumière artificielle, il rentre, mange un sandwich et se repose. »
Ses toiles sont présentées dans de nombreuses expositions de par le monde et il est encensé par la presse et les critiques. Il apparaît, dans les interviews filmés et les reportages, vêtu d’un costume traditionnel japonais comme sa femme et sa fille, qui donne de lui une image ascétique. En 1983 ont lieu plusieurs rétrospectives à Paris (Centre Pompidou), New York, Kyoto. Le peintre qui déclarait ne pas aimer les artistes se veut le continuateur de « ses véritables contemporains » que sont les peintres de la Renaissance, Pisanello, Masaccio et Piero della Francesca.

En 1991, Balthus reçoit le Praemium Imperiale japonais pour l’ensemble de son œuvre.

Le 18 février 2001, il meurt au grand Chalet de Rossinière.

Voir aussi cette vidéo :

Sources : Wikipédia, YouTube.